“Croquer l’UE”…littéralement

Publié le 22 juin 2016 à 09:18

Dessin de Nolwenn Le Barre, Le Mans.

Demain, ce mot, croquer, sera peut être appliqué ad litteram par une poignée d’européens : le 23 juin de l’année 2016, après une campagne entachée du sang d’une députée britannique, le Royaume Uni aura croqué une partie de cette Union européenne déjà passablement fragmentée. Comme tous les sujets européens, sensibles ou pas, compliqués à souhait ou simples et positifs, ce referendum a encore été un sujet maltraité. Mal aimé aussi. Mal senti.

Au moment où nous nous préparons tous, les autres Européens, à vivre une journée fébrile, quel sera donc jeudi soir le verdict des Britanniques ?
Je me souviens que la plus belle manière de parler de ce sujet, je l’ai rencontrée au Mans. Non pas à travers la presse régionale, même pas à travers la presse tout court – qui à mon avis n’est toujours pas capable de parler sérieusement de l’Europe. Mais à travers les dessins réalisés par les étudiants mannois : ceux du lycée Saint-Charles- Sainte-Croix et ceux du lycée Sainte-Catherine. Lors de deux séances, le 28 avril, sur le processus de création d’un dessin de presse sous la direction d’un dessinateur d’un média européen (Nicolas Vadot), et le 12 mai, sur la lecture iconographique de faits européens en présence des journalistes de VoxEurop (Gian Paolo Accardo et moi même).

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Regardez : simples, directes, disant en image tout ce que nous n’osons pas dire tout haut. Pour le Royaume-Uni, du moins pour une grande partie des Britanniques (nous n’aurons les résultats officiels que vendredi matin), ce mariage avec l’UE, tant désirée apparemment et par le passé, n’a représenté rien de plus qu’un boulet duquel on voudrait se débarrasser. Une fois partie, l’UE restera veuve. Veuve d’une de ses étoiles, d’un de ses membres importants, l’UE cherchera à se refaire une santé, digne (espérons), mais aussi occupée à préparer cette sortie qui sera peut être actée le 23 juin, au soir, mais qui ne sera pas effective avant au moins deux ans (comme tout divorce qui se respecte).

Ce fut, au Mans une occasion de comprendre que les sujets européens ne font plus partie des thèmes qui ne concernent que les adultes : l’heure est si grave que désormais le futur de l’UE concerne aussi nos enfants. Les classiques, par temps de crise, reviennent au galop, à leur manière (Albert Camus : “cette histoire nous concerne tous”, dans La Peste). Le projet a été imaginé par le professeur Luc Foucault-Gini (professeur d’histoire, chargé de mission auprès de la Maison de l’Europe/ Europe direct, du Mans), qui a proposé une collaboration entre la Maison de l’Europe du Mans, et VoxEurop.

Le “deal” était lui aussi simple et précis : montrer ou démontrer aux enfants pourquoi parler de l’Europe est plus simple (souvent) au travers des dessins ; inviter un dessinateur de presse (un vrai) qui puisse expliquer aux enfants que parler de l’UE par les dessins est une chose facile. Pari tenu : l’Européen Nicolas Vadot, membre de l’organisation Cartooning for Peace, a joué le jeu et il est venu.

J’avais invité les élèves à essayer de dessiner par eux-mêmes, suite aux conseils et aux recommandations de Nicolas Vadot, quelque chose, n’importe quoi, mais en liaison avec une réalité européenne. Ils ont joué le jeu, pour notre plus grande joie à tous. Nous avons récolté lors de notre dernière rencontre plus d’une trentaine de dessins. Mais la surprise aussi à été présente. L’Europe préoccupe et fait réfléchir. Si nos dirigeants ne semblent pas être trop attentifs aux signaux qui viennent des limites de l’UE (comme jadis les barbares) le seront-ils un jour, bientôt, aux signaux donnés par leurs enfants ?

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