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Vous, les dirigeants des États-membres européens, n’avez pas orienté l’Europe vers les peuples mais vers vous. C’est vous qui décidez des grandes lignes de la politique européenne. Pas le parlement. C’est vous qui décidez qui entre et qui sort de l’Union Européenne. Pas les citoyens. C’est vous qui nommez les membres de la Commission Européenne. Pas les parlementaires (qui ne peuvent qu’accorder leur confiance). Tous les citoyens européens attendent une réaction de votre part pour résoudre ces problèmes.
Une Europe peu démocratique vous est utile
L’Europe technocratique a plusieurs avantages pour vous, dirigeants européens : elle peut servir de “punching-ball” à des fins politiques, elle peut régler les problèmes sans la pression de l’opinion et, cerise sur le gâteau, la seule chambre élue au suffrage universel direct n’a qu’un pouvoir de codécision (ce qui explique la forte abstention), excusez-moi du peu. Aucun risque que vous perdiez votre influence, donc. Si cette forme sous laquelle s’est créée l’Union Européenne fut utile pour des raisons que l’on peut comprendre, il faut la changer maintenant. Mais rien n’est fait.
Admirez une Europe qui se disloque ! Admirez une Europe qui se tourne vers les partis populistes car les habitants se sentent délaissés par leur pays et par l’UE ! Tout n’est pas à jeter, loin de là. Mais une Europe qui se construit sans les citoyens européens n’a pas d’avenir. L’Union Européenne d’aujourd’hui, déjà très intégrée, ne peut pas se construire sans mener des projets sociaux et politiques. Une Union économique ne suffit pas.
Vous vous dîtes “européens” mais votre inaction prouve votre peur de perdre votre pouvoir. Votre constance à ne pas évoquer les enjeux européens auprès de vos concitoyens ne fait que montrer votre avidité à vouloir préserver vos seuls intérêts ! Ce sont peut-être vous, les souverainistes.
L’accord “anti-Brexit” et les référendums de 2005 montrent l’importance d’une Europe démocratique
Les citoyens étaient déjà peu consulté par le passé, mais depuis l’échec de 2005, rien n’est fait pour nous solliciter. Et si le projet de 2005 fut un échec, c’est peut-être parce que certains dirigeants ont vu ce référendum comme l’enjeu du rejet ou de l’adhésion des citoyens à leur politique générale alors que c’était une réelle question européenne, pour laquelle il fallait faire campagne.
L’accord signé vendredi soir représente bien le problème démocratique que rencontre l’UE. Ce compromis, malgré tout ses défauts, n’aurait-il pas été une réussite si les dirigeants européens avaient, face aux velléités britanniques, proposé un projet parallèle au reste de l'Europe ? Évidemment, rien de tel ne fut fait.
Si l’accord “anti-Brexit” a permis une chose, c’est de prendre conscience à quel point l’avis d’un peuple est important pour la construction européenne. Il faut plus de démocratie et résoudre le problème lattant qui mine le projet d’une union des pays du Vieux continent : l’absence d’écoute du peuple européen !
Il faut donc consulter les européens en permanence, par des référendums régionaux, nationaux et européens ou par des projets menés par la société civile. Cela amènera à l’émergence d’un peuple européen soudé et uni.
Aucun projet n’est soumis aux citoyens
Il faut que nous le disions tous à nos dirigeants : réagissez ! Quels projets nous-ont été présentés ? Aucun. Dire qu’il faut toujours plus s’intégrer n’a aucun sens si aucune proposition concrète n’est faite pour construire l’Europe.
Une Europe sans les peuples est une coquille vide. Et en tant que dirigeants européens, vous avez l’obligation de nous présenter un projet quant à l’avenir de l’Europe. En ne le faisant pas, vous détruisez la légitimité de la construction européenne auprès des citoyens.
L’Europe d’aujourd’hui fut une réussite. Mais ça ne devait être qu’une étape transitoire avant une Europe plus intégrée que l’on pourra appeler Europe fédérale. Cela fait plus de vingt ans que le traité de Maastricht fut signé par les États-membres, il faut maintenant qu’un projet cohérent, équitable, novateur et compréhensible soit mis sur la table ! Il doit être présenté à tous les parlements nationaux et à TOUS les citoyens !
Une question me taraude : pourquoi ne faîtes-vous rien ? Vous voyez des citoyens de moins en moins concernés par l’Europe, trop éloignée, trop obscure, trop austère pour qu’ils puissent y accorder du temps. Vous voyez des États-membres s’enfoncer dangereusement dans l’autoritarisme. Vous voyez des pays se jouer de l’Europe, s’en moquer. Et vous ne faîtes rien ? Réagissez !
Vous pouvez encore sauver l’un des plus beaux projets politiques jamais conçus par l’Homme depuis l’Après-Guerre ! Cessez de faire fonctionner l’Europe sans nous et construisons l’Europe, ensemble.
Dessin : Pierre Kroll
