Comment transformer l'Europe de la démocratie en Europe des citoyens ? s'interroge Ulrich Beck. Le sociologue allemand constate que lorsque l'ancien Premier ministre grec Georges Papandréou a voulu consulter son peuple, "la réalité masquée et inversée fut révélée au grand jour". Dans une Europe si fière de sa démocratie, écrit-il, celui qui a voulu la pratiquer concrètement est devenu une menace.
L'Union européenne serait en train de se muer en un Empire européen sous l'empreinte de l'Allemagne. Pour Ulrich Beck, l'avenir de l'UE ressemble à une "version européenne tardive de l'Union soviétique", avec un centralisme économique passant par des plans quinquennaux de réduction de la dette, mis en oeuvre sous la houlette de commissaires européens agissant avec la bénédiction de Berlin.
Beck appelle Merkel, "la néo-Européenne", à prendre conscience que la crise de l'euro doit être l'occasion de créer l'Europe des citoyens. Car la liberté a besoin d'un troisième pilier pour être garantie : la société civile européenne. Il ne faut donc pas avoir peur de la démocratie directe, car si les citoyens ne peuvent pas se prononcer par référendum, c'est tout le projet européen qui est condamné à l'échec.
Il faut par conséquent trouver un moyen de faire une démocratie européenne qui ne suivrait pas le modèle allemand d'euronationalisme, conclut-il. Créer une communauté européenne des démocraties où le partage de la souveraineté aurait un effet démultiplicateur sur le pouvoir et la démocratie de l'Europe.
Cet article, publié par le Guardian, paraîtra prochainement dans Le Monde.