Entretien Après les élections européennes Abonné(e)s

Edouard Gaudot : “Les politiques écologistes sont devenues un facteur d’anxiété”

Dans cet entretien, l’historien et politique proche des Verts revient sur les raisons de la défaite de ces derniers dans plusieurs pays aux élections européennes, et trace les perspectives pour un maintien des objectifs du pacte vert pour l’Europe, malgré une assemblée plus à droite que la précédente.

Publié le 19 juin 2024 à 11:48
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Edouard Gaudot est historien et politologue. Enseignant, consultant et écrivain, il a travaillé au Collège d’Europe à Natolin (Pologne) et au Parlement européen et a cofondé le magazine Green European Journal. Son dernier ouvrage est Les 7 Piliers de la Cité (Plon, 2022).

Voxeurop : Comment peut-on expliquer le résultat décevant des partis écologistes dans plusieurs pays européens, notamment en France, en Allemagne, en Belgique ? 

Edouard Gaudot : Si vous regardez la carte de l'Europe et des écologistes, vous avez en fait d'excellentes surprises. Vous avez des écologistes qui ont été élus dans des endroits dans lesquels ils n'étaient pas présents ou bien très faiblement implantés. C'est le cas en Croatie, en Slovénie, en Roumanie. Ce sont certes des petits pays, et ce n’est donc pas du tout aussi significatif que [l’ échec des Verts] dans les grands pays, qui a des répercussions massives sur le groupe au Parlement européen.

Les résultats sont mauvais dans deux grands pays où ils étaient bons lors du scrutin précédent. Ensuite, les écologistes sont au pouvoir en Allemagne et en Belgique. Quand on est en responsabilité, on paye toujours le prix des décisions qu'on prend, quel que soit le gouvernement, quelle que soit la couleur politique, et quelles que soient les circonstances. Et on le paye d'autant plus fort lorsque l’on est sur des élections dans lesquelles la portée du défaut de pouvoir est moindre. En Allemagne notamment, la coalition au pouvoir est très discréditée, en raison des contradictions qui l’animent depuis le début et son impuissance. Pour la Belgique, c'est pareil : c'est une volatilisation totale, une incapacité à assumer le pouvoir.

Les Verts payent aussi au prix fort le rejet des politiques écologistes et de transformation qui ont été menées ces cinq dernières années. Et cela pour deux raisons : la première, c'est que ce sont des politiques qui n'ont pas toujours été pensées en dehors de leur réalité technique, dont le volet social a été oublié. On a bien créé un fonds pour accompagner les mineurs qui vont perdre leur travail en Pologne ou en Roumanie, mais pas pour accompagner tous ces gens qui vont se retrouver avec des véhicules à moteurs thermiques obsolètes, qui représentent un capital important pour eux, et parfois un outil de travail absolument indispensable. Cela suscite soit des coûts, soit une angoisse par rapport à l’avenir. 

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