Euro-visions

Publié le 17 mai 2013 à 14:05

Ces jours-ci, certains ont les yeux fixés sur Malmö, où se déroule le concours de l’Eurovision. Ils pourraient tout autant prêter attention à ce qui se passe à Londres, Paris et Berlin, où se développent plusieurs visions européennes dont il faudra bien discuter un jour.

Le 14 mai, le Parti conservateur britannique a déposé un projet de loi prévoyant un référendum, au plus tard le 31 décembre 2017, pour répondre à la question : "Pensez-vous que le Royaume-Uni devrait rester un membre de l'Union européenne ?". Les termes du débat ont été posés par le Premier ministre David Cameron au mois de janvier, lorsqu’il a demandé "un nouvel accord" entre son pays et une UE plus souple. Ce faisant, il s’est involontairement exposé à la pression des eurosceptiques de son parti et du UKIP, et l’inscription du référendum dans la loi lui rend toute marche arrière difficile. Mais il aussi placé ses partenaires devant leurs responsabilités.

Sur le continent, François Hollande a enfin livré les grandes lignes de sa pensée sur l’Union. Le 16 mai, il a donné à l’UE deux ans pour définir un contenu à l’union politique. "C’est une affaire d’urgence européenne", a expliqué le président français. Que ces deux années nous mènent à la fin du mandat de David Cameron n’est peut-être pas fortuit.

Le président français a également proposé un gouvernement économique de la zone euro, doté d’un président et se réunissant tous les mois, ainsi qu’"une nouvelle étape d’intégration avec une capacité budgétaire qui serait attribuée à la zone euro et la possibilité, progressivement, de lever l’emprunt."

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Reste à savoir ce que propose l’Allemagne. Or jusqu’au 23 septembre, l’Europe va devoir attendre de savoir qui sortira vainqueur des élections législatives. Angela Merkel semble solidement installée à la chancellerie, mais l’alliance rouge-verte n’a pas dit son dernier mot.

C’est peut-être pour cela que la tête de liste sociale-démocrate, Peer Steinbrück, a lui aussi exposé sa vision de l’Europe, le 14 mai. Au programme, un renforcement du rôle du Parlement européen, qui participerait aux conseils européens, et la transformation de la Commission en gouvernement éventuellement élu et responsable devant le Parlement.

Et Angela Merkel ? Il y a un an, la chancelière avait exprimé son souhait de voir la Commission jouer le rôle d’un gouvernement, et le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement celui de seconde chambre d’un Parlement aux pouvoirs renforcés. Plus récemment, son ministre des Finances Wolfgang Schäuble a répété que l’union bancaire, considérée comme une étape essentielle de la stabilisation de la zone euro, ne se ferait pas sans un nouveau traité européen. On attend donc de savoir ce qu’elle propose aujourd’hui.

Le discours de François Hollande a été reçu avec attention à Berlin, où l’on attendait un geste de Paris, souvent jugé inaudible depuis un an. Mais il ne faut espérer aucune initiative franco-allemande avant la fin de l’année, le temps de savoir si Hollande et Merkel sont condamnés à travailler ensemble encore quelques années, ou si un axe franco-allemand social-démocrate est possible.
Le plus dur viendra après, lorsqu’il faudra confronter cette éventuelle vision commune à celle des Britanniques. Il viendra aussi lorsqu’il faudra la confronter à la réalité des opinions européennes. De ce point de vue, c’est une autre initiative franco-allemande qui peut - et doit - impulser une vision concrète de l’avenir de l’Europe : celle qui doit être présentée d’ici le prochain sommet européen, pour lutter contre le chômage des jeunes. Nous en reparlerons.

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