Revue de presse Lumière sur le Sud-Est

L’Europe du Sud-Est prépare-t-elle une remontada démocratique?

Doit-on s’attendre à un renouveau démocratique de la part des pays de l’Europe du Sud-Est, apparemment moins vulnérables aux idées extrémistes que leurs voisins de l’Ouest ? Claudiu Pop apporte des éléments de réponse dans sa revue de presse.

Publié le 26 juin 2024 à 11:58

En sport, le terme espagnol de remontada désigne un renversement de situation inespéré, célébré avec jubilation par l’équipe qui réussit ce tour de force. Ainsi, récemment opposée à la Pologne dans le cadre du Championnat d'Europe de football (UEFA), la sélection néerlandaise a marqué le deuxième but victorieux à la 83e minute (score final : 2-1), entraînant une explosion de joie qui en dit long sur la portée de l’exploit que personne n’attendait plus.

La politique n’est pas étrangère aux remontadas. Lors des dernières élections européennes, les citoyens de l’UE se sont rendus aux urnes avec enthousiasme dans l’espoir d’apporter les changements dont notre société a bien besoin. En ce sens, malgré la montée des extrémismes qui fait les gros titres sur tout le continent, certains misent sur un rebond des démocrates. Dans la revue culturelle Scena9, l’historien roumain Adrian Cioflâncă écrit qu’“après 2016, à l'apogée de la démocratie illibérale qui caractérise le monde d’aujourd’hui, on aurait dit que tout allait s’effondrer. Certes, la tendance était et reste défavorable à la démocratie, mais les démocrates montrent des signes de résistance et sont en train de relever la tête. La partie n’est pas finie”. Une remontada est donc toujours possible.

Le sursaut démocratique n’est toutefois pas vrai partout. Les démocraties de l’Europe de l’Ouest, dont les bases semblent toujours solides, doivent faire face aujourd’hui à la montée d’extrémistes tels que la française Marine Le Pen (RN, extrême droite). Contre toute attente, une lueur d’espoir pourrait provenir des populations rompues à la lutte contre l’autoritarisme.

Le printemps démocratique de l’Europe du Sud-Est

Ensemble, les partis roumains d’extrême droite Alliance pour l'unité des Roumains (AUR) et S.O.S. Roumanie ont recueilli 20 % des voix lors des élections européennes, tandis que plus de 67 % des suffrages allaient vers des partis démocratiques, prouvant ainsi que la Roumanie arrive encore à résister à la poussée de l’extrémisme. À l’appui de sa campagne aux relents populistes, AUR n’a pas hésité à évoquer des personnalités issues du patrimoine historique roumain, dont Vlad Țepeș – prince de Valachie, surnommé “Vlad l'Empaleur” ou “Dracula” –, comme le souligne Radu Umbreș dans la revue en ligne PressOne. En plus de la Roumanie, d’autres pays des Balkans tels que la Grèce, la Bulgarie et la Croatie ont réussi à garder leur distance avec les extrémistes en affichant un vote pro-européen

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À moins de deux mois des élections locales en Turquie, le président Recep Tayyip Erdoğan (AKP, parti islamo-conservateur) a annoncé qu’il avait l’intention de modifier la Constitution du pays, qu’il a qualifiée de “patchwork”, comme l’explique le quotidien Cumhuriyet. De même, il a lancé des critiques acerbes contre l’Eurovision, synonyme pour lui de “cheval de Troie de la corruption sociale”. Des piques qui surviennent peu de temps après que l’un de nos contributeurs a décrit ce célèbre concours comme étant un “processus démocratique unique et plurinational”. 

En Bulgarie, le parti eurosceptique Renaissance (extrême droite), présidé par Kostadin Kostadinov, a remporté 14% des voix lors des dernières élections européennes. Comme le révèle le quotidien indépendant Mediapool, Kostadinovsouhaite que son pays sorte de l'OTAN, lève les sanctions imposées à la Russie et cesse l’aide militaire à l’Ukraine. Il remet même en question son statut de membre au sein de l’UE.

Pour paraphraser l’historien roumain cité au début de cette revue de presse, la fin de la rencontre est loin d’être sifflée.


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Mis à jour le 3 juillet 2024

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