La communauté Voxeurop Déclaration de Glasgow sur l'alimentation et le climat

La route vers la COP26 commence dans les cantines scolaires bio

La déclaration de Glasgow sur l'alimentation et le climat s'engage à répondre à l'urgence climatique, par un appel aux gouvernements et aux politiques alimentaires intégrées et durables. Les cantines scolaires européennes dressent déjà la table.

Publié le 19 avril 2021 à 17:45

Que ce soit au niveau des villages, des mégapoles, des départements, des régions ou des États fédéraux, les territoires infranationaux ont au moins deux points communs : leurs habitants ont besoin de manger et, d’un autre côté, ce besoin est mis en danger par le changement climatique.

Certains d'entre eux ont réalisé que l'alimentation méritait une place centrale dans la révolution climatique mondiale. S'attaquer à l'urgence climatique par le biais des politiques alimentaires, tout en appelant les gouvernements à agir, semblait approprié pour les dirigeants locaux qui ont décidé de parler d'une même voix et ont élaboré la déclaration de Glasgow sur l'alimentation et le climat. Lancée en décembre 2020, un an avant la prochaine conférence des Nations unies sur le climat (COP26, à Glasgow), la déclaration est plus qu'un engagement : elle donne déjà ses fruits.

Le 23 mars, l'événement "La COP26, c’est déjà maintenant !", soutenu par le Fonds européen de développement régional, URBACT et BioCanteens, a présenté les écoles qui proposent aux enfants des repas biologiques et élaborés avec des produits locaux comme un moyen efficace de protéger l'environnement. La conférence en ligne était animée par Catherine André, journaliste et cofondatrice de Voxeurop.

"L'Europe a fait des progrès, mais les États membres érigent des obstacles", a déclaré Marc Tarabella, député belge du groupe S&D et maire de son village natal, Anthisnes. "Nous constatons qu'il est très difficile de changer les mentalités et nous observons beaucoup de résistance au niveau local, les gens recherchent le prix le plus bas au détriment de la qualité. Je pense plutôt que nous devrions permettre aux gens d'avoir le choix à toutes les étapes, de la première à la dernière. 

Né de cette volonté, le programme URBACT aide les villes à trouver des solutions durables et à avoir un impact positif grâce à la mise en réseau et au partage des connaissances. Il souscrit également à la déclaration de Glasgow.

Parmi les réseaux financés par URBACT, les partenaires de BioCanteens viennent des quatre coins de l'Europe : Mouans-Sartoux (France), GAL Pays de Condruses (Belgique), Rosignano-Marittimo (Italie), Torres Vedras (Portugal), Trikala (Grèce), Troyan (Bulgarie) et Vaslui (Roumanie).

Dans une cantine scolaire bio, la nourriture se charge de sens. "Où apprend-on l'éducation alimentaire si ce n'est au sein de la famille ?", demande François Jégou, expert principal du réseau BioCanteens. L'école doit endosser ce rôle et enseigner le sujet à l'heure du déjeuner. Après tout, les enfants d'aujourd'hui seront les créateurs, chercheurs, électeurs, consommateurs et dirigeants de demain. Il est logique de commencer à leur offrirce que nous avons de mieux et le type de nourriture que nous mangerons en 2045 et après.

Mais comme la mise en pratique de la démocratie alimentaire nécessite des convictions non conformistes, les cantines scolaires bio restent une exception. "Quand je regarde autour de moi dans le monde, je n'ai pas l'impression que ce dont nous allons discuter à la COP est déjà en train de se produire : c'est plutôt le contraire", a déclaré Jégou. "Mais, si je regarde plus attentivement, il y a des endroits où la transition a commencé il y a longtemps et où je peux déjà voir, au moins en partie, à quoi pourrait ressembler une ville plus durable."

Quels sont les secrets de ces cantines ? Selon Jégou, il y en a cinq : une lutte permanente contre le gaspillage, la création d'emplois le long de la chaîne alimentaire municipale, un aménagement durable du territoire, une discussion autour de l'alimentation saine et une gouvernance intégrée.

Pourtant, “bonne pratique est une expression dangereuse” car elle implique une approche de copier-coller. L'approche "fier d'en être", au contraire, suggère une réinterprétation chaque fois qu'un système fonctionnel est transféré ailleurs.

Pour garantir un accès plus équitable à une alimentation de qualité pour tous, il est essentiel de promouvoir les solutions positives aux défis locaux. En particulier, trois questions ont été mises en avant lors de l'événement : la contrainte des marchés publics pour l'approvisionnement alimentaire, la construction d'une gouvernance alimentaire participative et la relocalisation de l'agriculture.

Située dans le paradis immobilier et touristique de la Côte d'Azur, la ville de Mouans-Sartoux est devenue championne de l'anticonformisme. Bien que les marchés publics ne conviennent généralement pas aux petits producteurs locaux, la ville a établi un accord spécial et demande aujourd'hui au Parlement européen de se battre pour l'exception alimentaire dans les marchés publics.

Ce n'est "ni du protectionnisme ni une révolution économique, c'est juste un peu d'intelligence collective et de bon sens", selon Gilles Pérole, adjoint au maire chargé de l'enfance, de l'éducation et de l'alimentation à Mouans-Sartoux. "Acheter un navet ou un stylo, ce n'est pas la même chose. L'alimentation est un bien essentiel à la vie et il faut donc la protéger avec les marchés publics."

En Espagne, Mollet del Vallès est devenue l'une des premières villes à adopter une politique alimentaire locale en 2015. "Les enfants ont eu la possibilité de collaborer" et "ont appris à faire des choix alimentaires plus sains au niveau individuel, mais grâce à une participation démocratique active, ils ont également développé un sens de la coresponsabilité dans le bien-être de la ville et ont fait des propositions qui ont ensuite été intégrées dans la stratégie alimentaire de la ville", a expliqué Albert Garcia Macian, chef du bureau des projets de l'UE et des relations internationales à Mollet del Vallès.

Formidable catalyseur

De même, la ville suédoise de Södertälje a travaillé avec un certain nombre de projets et d'activités de développement différents pour accroître la durabilité depuis le début des années 2000. “Nous avons soutenu notre production locale de légumes à petite échelle, à la fois à la campagne et en ville, en combinant des activités de soutien aux chômeurs, en menant un projet appelé "Matlust" (nourriture pour la joie) pour les petites et moyennes entreprises afin de les aider à devenir plus durables, à réussir et à employer plus de personnes”, a déclaré Sara Jervfors, chef de l'unité diététique de Södertälje (Suède).

Même si les cantines scolaires bio sont encore rares, leur expérience en inspirera d'autres. Pour cela, l'Europe est un formidable catalyseur grâce à tous les réseaux déjà existants.

Par exemple, Un Plus Bio est une organisation française qui accompagne les villes vers un changement positif dans le système alimentaire et le Club des Territoires en fait partie. Selon la coordinatrice Amandine Pieux, "il est devenu l'espace où les collectivités locales partagent leurs pratiques en utilisant la restauration collective comme un outil pour des politiques alimentaires ambitieuses."

"Le rythme des discussions en cours en Europe est très différent et le débat sur l'alimentation n'a pas été une priorité dans certains pays", a déclaré Cecilia Delgado, chercheuse et directrice de la plateforme portugaise Alimentar Cidades Sustentaveis. "Il est donc nécessaire d'alimenter le débat local dans les langues locales avant de rejoindre le débat européen et il est nécessaire d'apprendre de pair à pair."

Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi

Aujourd'hui, les villes européennes sont véritablement à l'avant-garde de la transition écologique. Avec une population croissante et une vulnérabilité accrue due au changement climatique, tous les types de communautés et de gouvernements infranationaux ne peuvent se permettre le privilège d'attendre et de voir ce qu'il adviendra d'eux.

L'Écosse montre la voie avec des projets comme Nourish Scotland, qui promeut le droit humain à l'alimentation en l'intégrant, le localisant et le démocratisant. Nourish Scotland fait campagne pour "une bonne nation alimentaire", a déclaré Sofie Quist, responsable du projet de politique alimentaire. "Dans le contexte du changement climatique, nous travaillons en particulier avec les décideurs politiques, les agriculteurs, les scientifiques et les communautés pour comprendre comment tout le monde peut faire partie de la solution au changement climatique, en particulier les producteurs alimentaires." Et c'est une bonne partie de la déclaration de Glasgow.

En novembre prochain, Glasgow sera le lieu de transmission de tous ces messages. Lors de la COP26, les États membres seront alors invités à reprendre les nombreux exemples locaux positifs et à soutenir activement le développement de politiques alimentaires progressistes et intégrées à tous les niveaux.


Cet article vous a intéressé ? Nous en sommes très heureux ! Il est en accès libre, car nous pensons qu’une information libre et indépendante est essentielle pour la démocratie. Mais ce droit n’est pas garanti pour toujours et l’indépendance a un coût. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à publier une information indépendante et multilingue à destination de tous les Européens. Découvrez nos offres d’abonnement et leurs avantages exclusifs, et devenez membre dès à présent de notre communauté !

Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez le journalisme européen indépendant

La démocratie européenne a besoin de médias indépendants. Rejoignez notre communauté !

sur le même sujet