L’ambassadeur de l’UE à Tunis contesté

Publié le 10 février 2011 à 15:30

L’eurodéputée écologiste, la françaiseHélène Flautre, spécialiste des droits de l'homme au Maghreb, surnommée "Mme Tunisie" a réclamé mercredi 9 février la tête d'Adrianus Koetsenruijter, le chef de la mission de la délégation européenne à Tunis. "Je ne vois pas comment il peut être l’homme de la transition démocratique" a-t-elle notamment déclaré à l’AFP. "L'UE a besoin d'un représentant en Tunisie qui ait au moins la confiance des acteurs du changement", alors qu'Adrianus Koetsenruijter, du temps du président Ben Ali, "ne s'autorisait même plus les contacts avec les associations qui n'étaient pas légales" contrairement à ses prédécesseurs.

Début février, [Mme Flautre avait déjà déclaré à la Voix du Nord](http:// http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2011/02/03/article_helene-flautre-je-demande-la-tete-du-re.shtml) : "Nous avons depuis 1995 un accord de coopération avec la Tunisie qui impliquait le respect des droits de l'homme. Face à tant de violations, l'UE aurait dû convoquer les autorités et demander des comptes. Et si elles n'avaient pas bougé, elle aurait dû dénoncer ce partenariat. Au lieu de cela, on a négocié avec Ben Ali un statut avancé." Aussi, *"*Il est temps que l'Union européenne se rattrape sur ses erreurs passées." En premier lieu, "je demande la tête du chef de la délégation de la Commission européenne en Tunisie, Adrianus Koetsenruijter. Il avait fermé ses portes aux défenseurs des droits de l'homme et négociait avec Ben Ali." "Je suis allée jeudi et vendredi (les 27 et 28 janvier) en Tunisie avec Eva Joly. On nous a clairement dit qu'il fallait changer les personnes."

Le Soir qui rapporte les propos de l’eurodéputée, raconte que l’ambassadeur de l’UE à Tunis avait souhaité parler au quotidien belge le 29 janvier : "on n’a pas soutenu Ben Ali mais la Tunisie. On ne peut voir les choses en noir et blanc. La realpolitik a fait qu’on est allé jusqu’où on pouvait avec ce régime (…) Nous avons fait attendre l’octroi du statut avancé demandé par la Tunisie car nous critiquions l’absence de liberté d’expression. Mais la seule critique ne mène nulle part".

Devant la polémique suscitée par les propos d’Hélène Flautre, le quotidien bruxellois a interviewé "les acteurs du changement" à Tunis. Parmi ceux là, Khaltoum Kennou, secrétaire générale de l’Association des magistrats tunisiens "qui avait été mutée en 2005 à Tozur pour avoir défendu l’indépendance des juges, conteste la validité d’un gros programme européen (30 millions d’euros) consacré à moderniser la justice tunisienne : ‘Ce sont uniquement les juges proches du pouvoir qui en ont bénéficié, qui ont pu aller suivre des séminaires en Europe, et.Nous l'avons dit aux Européens, en vain'".

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Le Soir poursuit : "A Bruxelles ce mercredi (9 février) l’heure n’était pas au repentir. Et l’affaire Flautre-Koetsenruijter n’a pas ému le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Sa porte-parole a déclaré que le Néerlandais avait fait ‘pleinement son travail’, avait été 'très impliqué' et avait 'toute notre confiance' ".

Et le quotidien belge de conclure ironiquement sur les mots de Koetsenruijter commentant la révolution tunisienne : "Je ressens un sentiment de joie et de fierté, le peuple tunisien a beaucoup de talent et de potentiel et j’espère que cette révolution va libérer toutes les énergies".

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