Près de trois mois après être revenu au pouvoir, le parti ultra-conservateur Droit et justice (PiS) de Jarosław Kaczyński semble vouloir mettre à sa botte les principaux piliers de l’Etat de droit : en l’espace de quelques semaines, il a nommé des juges proches au sein de la Cour constitutionnelle et voté une loi qui met en coupe réglée l’audiovisuel public. Au point que la presse polonaise se demande si la démocratie polonaise n’est pas en danger et que Bruxelles menace des sanctions.
L’hebdomadaire consacre un dossier entier à la “démocratie menacée” par les réformes du PiS. Dans son éditorial, le rédacteur en chef Tomasz Lis, qui vient de perdre son poste à la télévision publique polonaise pour ses prises de position contre le gouvernement actuel, s’insurge : "Nous avons affaire à un viol de la Pologne, une atteinte à la démocratie et à l’Etat de droit". Le journaliste souligne que, même s’il a décidé de ne pas siéger au gouvernement, c’est le président du PiS Jarosław Kaczyński qui est responsable de cette situation :
"Notre Néron, […] assis au premier rang de la Diète [Parlement], regarde amusé la manière dont ses soldats détruisent, pas à pas, le meilleur Etat que les Polonais aient jamais connu. Au Parlement, ces combattants s’adressent soi-disant aux députés et au public mais il n’y a qu’un seul vrai destinataire de cette démonstration d’arrogance, d’insolence et de simplicité d’esprit : Néron." L’ancien présentateur de télévision s’inquiète des méthodes du PiS, qui ressemblent à celles des apparatchiks communistes : "Cette époque qui semblait révolue revient, avec sa rhétorique et ses slogans de propagande".