Les Shadoks de la PAC

Publié le 18 mars 2011 à 16:02

"Vous souvenez-vous des Shadoks ? Ces étranges oiseaux qui passaient leur vie à pomper, pomper, pomper et à réinventer des machines toujours plus absurdes pour résoudre leurs problèmes…Ridicules? Et pourtant, les Shadoks, aujourd'hui, c'est nous, ou plutôt notre agriculture", écrit la journaliste Isabelle Saporta dans son "Livre noir de l’agriculture" (Fayard, 2011). Le budget de la PAC atteint 57 milliards d'euros en 2010, rappelle-t-elle, soit 44% du budget de l'Union pour une agriculture intensive qui "ne respecte ni le pacte social qui la lie aux paysans, ni le pacte environnemental qui la lie aux générations futures, ni même le pacte de santé publique qui la lie à tous."

Son enquête démonte les rouages qui ont poussé les responsables politiques européens à faire toujours les mauvais choix et à persévérer dans leur politique en dépit du constat d’échec d’une agriculture mauvaise pour l’environnement, pour la santé du consommateur et pour les affaires des agriculteurs.

Symbole de tous les excès de l’élevage industriel : les porcs manipulés génétiquement pour un meilleur rendement, parqués par centaines dans le noir, dans des espaces exigus, gavés d'antibiotiques, d'hormones, et anti-dépresseurs. Sous leurs caillebotis, des flots de déjections et d'ammoniac glissent pour aller se répandre dans les eaux bretonnes, envahir les plages et donner naissance aux inquiétantes algues vertes. Un élevage qui est devenu une véritable plaie pour l’environnement avec des éleveurs qui se battent pour survivre. On apprend entre autres que la majorité des élevages porcins bretons consomment environ 1 171 kilowatts-heure par truie et par an. Soit quasiment le double de la consommation électrique moyenne d'un Albanais ou d'un Indien, six fois et demie celle d'un Ivoirien et l'équivalent de celle d'un Cubain. (On compte 15 000 exploitations porcines en France)

Personne dans l’UE ne prend le risque de s’attaquer au fondements de l’agriculture intensive, dénonce la journaliste, de redistribuer les subventions et de revenir au bon sens paysan. "De la pomme aux tomates, du blé aux pommes de terre, tous les secteurs de l'agriculture, tout ce qui compose notre assiette est produit en dépit du bon sens. " Mais "On préfère continuer à pomper, ou plutôt à creuser la tombe des agriculteurs, et la nôtre avec."

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