L’évènement le plus inattendu de la fin de l'année

Publié le 21 décembre 2011 à 21:43

Alors que bon nombre d’observateurs reconnaissaient une victoire de Nicolas Sarkozyface à David Cameron au sommet européen du 9 décembre, deux semaines plus tard, c'est au tour du gouvernement français de se prendre une volée de bois verts après une série de propos anglophobes lancés ici ou là.

Le Monde qui le 10 décembre déplorait le comportement du Premier ministre britannique, fait part de sa consternation dans son édito du 21 décembre :

On comprend que le gouvernement [français] ne soit pas enchanté [à la dégradation probable dans les prochains jours de la note de la dette publique française par les agences de notation] ou trouve cela injuste et injustifié. Mais sa réaction préventive a été affligeante. Elle a consisté à dire aux agences de notation : " Vous vous trompez de cible ; la situation est pire en Grande-Bretagne ; c'est Londres qu'il faut dégrader. " On est dans le réflexe boutonneux, préadolescent, dans la cour de récréation : " M'sieur, c'est pas moi, c'est l'autre "... La classe ! [ …] la réaction de Paris n'a pas de sens.

Enfantin, consternant, affligeant…les critiques fusent dans la presse européenne sur ces prises de bec franco-britanniques. C'est en tous cas du "grand spectacle ", écrit le diplomate suisse François Nordmann, ancien ambassadeur au Royaume-Uni, dans une tribune parue dans LeTemps :

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La crise entre la France et la Grande-Bretagne est l’élément le plus inattendu de cette fin d’année, mais aussi le plus banal en un certain sens. Tous les dix ans, un psychodrame éclate entre les deux puissances maritimes. En 2003, ce fut à propos de la guerre d’Irak .[ …] Dans quelques mois, on trouvera une formule, on lancera une passerelle – ou une bouée – pour se rabibocher et établir un mécanisme permettant aux uns et aux autres de garder la face et de reprendre la coopération. [ …]

Le plus étrange tient tout de même aux noms d’oiseaux échangés de part et d’autre de la Manche. Messieurs les Anglais ont tiré les premiers, en comparant perfidement (évidemment…) certains paramètres des comptes publics français à la situation de la Grèce, mais les ministres et banquiers français ont renchéri. Ils sont allés jusqu’à proposer sournoisement aux agences de notation d’aller voir de plus près les déficits britanniques, et d’en tirer les conséquences, au lieu de s’en prendre seulement à la France.

Au printemps dernier, la France renouvelait son alliance militaire avec la Grande-Bretagne et l’étendait au domaine nucléaire. Puis elle s’est rapprochée de l’Allemagne dans le secteur financier et monétaire. Aujourd’hui elle en veut à l’Allemagne de n’avoir d’autre choix que de la suivre dans sa rigueur et elle en veut à Londres de toujours tirer son épingle du jeu. Ces réflexes épidermiques ne font pas une stratégie mais quel beau spectacle!

Quoi qu'il advienne des relations franco-britanniques, la dispute aura au moins eu le mérite d'inspirer à Charb ce dessin, en Une de Charlie Hebdole 14 décembre.

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