On reproche souvent aux dirigeants actuels de l’Union européenne de manquer de vision en cette période de difficultés. Mais que pensent leurs prédecesseurs, avec leur expérience et leur recul historique ?
Pour le savoir, Carrefour de l’Europe a invité l’un d’entre eux, Michel Rocard, Premier ministre français de 1988 à 1991, pour une émission spéciale. Des origines de la crise actuelle à l’avenir de l’UE, de la relation franco-allemande à la place de la Grande-Bretagne, c’est un retraité de la politique mais pas retiré de l’actualité qui a livré sa vision.
La crise est mondiale et a commencé aux Etats-Unis, tient à rappeler Michel Rocard. Mais dans cette crise, “la question de l’Europe s’est posée en termes politiques, et c’est en termes politiques qu’on a complètement échoué”, regrette l’ancien Premier ministre qui constate qu’“il n’y a plus de leadership en Europe”.
Certes, les dirigeants européens peuvent se mettre d’accord et parler d’une seule voix, en particulier lors des G8, et “on peut peut-être se sortir de la crise comme ça”, concède Michel Rocard. Mais “ce n’est pas l’Europe, c’est une conjonction de hasard” qui ne compense pas le manque de “structure de commandement unique”.
Plus que l’état de la relation entre la France et l’Allemagne, c’est ce manque qui est pour Michel Rocardest le “problème principal et le plus immédiat” d’une UE frappée par la crise et une désaffection des peuples. Pourtant, note l’ancien mentor de la “deuxième gauche”, les Européens disposent d’un modèle sociale que leur envie les Chinois ou les Brésiliens, et dont les Américains tentent de se doter. “Ce modèle est formidable”, se félicite-t-il. “Mais il n’est pas commandé, il n’est pas capable de se défendre. C’est là qu’on a besoin de l’Europe. Mais il faut la vouloir.”
Or certains ne la veulent pas, déplore Michel Rocard, pointant particulièrement les Britanniques. “Une des conditions de la relance de l’Europe, c’est que les Anglais s’en aillent. Avec élégance et dans l’amitié. Pour cela, il faudrait qu’ils partent vite.”
Malgré tout, à 83 ans, l’ancien chef de gouvernement se dit plus qu’optimiste pour le Vieux continent. “Je suis déchaîné, assure-t-il. On en a besoin”. Et de confier : “J’ai beaucoup moins peur pour l’avenir de mes petits enfants d’un commandement en Europe qui serait étranger, même allemand, que de l’absence de commandement.”
L’intégralité de l’interview de Michel Rocard par Daniel Desesquelle, de RFI, et Eric Maurice, de Presseurop, est à écouter et voir sur le site de Carrefour de l’Europe.
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