Suite au lancement du site du Parti pour la liberté (PVV, populiste) qui invite les Néerlandais à dénoncer les “nuisances et la pollution” causées par les ressortissants des pays de l’Europe centrale et orientale, les ambassadeurs des dix Etats concernés ont envoyé une lettre ouverte “à la société néerlandaise et ses dirigeants politiques”.
Dans leur lettre, publiée à la une deNRC Handelsblad et reprises dans les pages d’opinion du Volkskrant, les ambassadeurs affirment que le site encourage les clichés négatifs, qu’il est “discriminatoire” et qu’il “dénigre un groupe spécifique”, qui a par ailleurs “contribué considérablement à la croissance économique et au budget néerlandais”. Louant le rôle exemplaire en matière de liberté et de tolérance qu’ont eu les Pays-Bas, ils concluent en demandant à “la société néerlandaise et à ses responsables politiques de se distancier de cette initiative contestable”.
Dans son éditorial, NRC rend compte de la situation difficile dans laquelle se trouve l’exécutif mené par le libéral Mark Rutte, qui est soutenu par le PVV, mais le quotidien espère que “le gouvernement prendra tout de même ses distances avec ce site odieux”. Le quotidien de Rotterdam déplore également le fait que “le site risque de compliquer la cooperation entre les Pays-Bas et les pays en question, ce qui n’est certainement pas dans l’intérêt néerlandais.”
Justement, De Volkskrant souligne que les entreprises néerlandaises subissent des conséquences de l’image dégradée des Pays-Bas dans les pays concernés, notamment en Pologne, en particulier dans le secteur de la floriculture. Ironie du hasard, note le quotidien, le Keukenhof, le fameux parc floral en plein air qui rouvre le 22 mars aura pour thème cette année “La Pologne - coeur de l’Europe.”
Dans les pays visés par l’initiative du PVV, les réactions ne manquent pas. Par exemple, le quotidien slovaque Pravdaécrit que
Classer les individus selon leur appartenance ethnique ou religieuse est une méthode éprouvée des populistes, qui ont besoin de coupables pour attirer des électeurs. […] Même les Pays-Bas, où le climat politique a fortement changé au cours des dernières années, ne sont pas immunisés contre ce virus.
Le site bulgare euinside affirme quant à lui du fait que "les campagnes comme celle menée par le Parti pour la 'liberté' néerlandais ne font que donner le sentiment amer que les cinquante années d'Europe unie que nous avons traversées n'ont servi à rien."