Décryptage Les médias et l'environnement | 3

La République tchèque a besoin avec urgence d’une révolution de velours verte

En 1989, la révolution qui a touché la Tchécoslovaquie alors communiste et fortement industrialisée était tout autant démocratique qu'écologique, et ses conséquences considérables se sont répercutées sur l’ensemble de la décennie qui a suivi. Aujourd'hui, cet élan écologique est désormais au point mort : la République tchèque est le pays qui émet le plus de dioxyde de carbone en Europe, et les médias nationaux sont, pour la plupart, assujettis à une oligarchie fossile. Pourtant, un bouleversement pourrait se produire bien plus vite qu'on ne le pense.

Publié le 10 janvier 2024 à 21:44

Peu d'exemples illustrent mieux les contradictions qui caractérisent le débat public tchèque que la crise climatique. L'économie du pays fait partie des plus polluantes de l'Union européenne. Son taux d'émissions de CO2 par habitant dépasse largement la moyenne européenne – et mondiale, bien sûr. Pourtant, les discussions en cours en République tchèque au sujet du changement climatique ne reflètent ni l'urgence de la situation ni le rôle spécifique qui incombe au pays, qui figure parmi les plus importants pollueurs au monde. 

Le gouvernement tchèque a longtemps fait preuve d'indifférence à l'égard des questions environnementales. Le faible taux de construction de nouvelles sources d'énergies renouvelables en est un des exemples les plus révélateurs. Le pays n'est pas non plus disposé à fixer une date précise pour atteindre la neutralité carbone. Plus généralement, les politiques environnementales tchèques ne progressent que sous la pression exercée par les institutions européennes. Si celles-ci ne défendaient pas ces enjeux, il est fort probable qu'aucune politique environnementale n’existerait en République tchèque.

Il y a quelques années pourtant, le climat politique était bien différent. Le bilan environnemental catastrophique a été l'un des moteurs de la délégitimation du régime communiste tchèque avant sa chute en novembre 1989. Les groupes écologistes et leurs revendications ont d'ailleurs constitué des éléments importants des mouvements qui ont démantelé les régimes communistes à travers tout le bloc soviétique

Après la révolution de Velours, plusieurs écologistes ont intégré le gouvernement. Ce sont eux qui ont réduit la pollution de l’air en limitant l’exploitation des mines de charbon du pays et en assurant une meilleure protection des espaces naturels – un des succès incontestables de l’ère post-1989. La révolution de 1989 était "de velours". Elle était également verte. 

Au fil du temps cependant, l'intérêt porté par la société tchèque envers la question environnementale a peu à peu diminué, à quelques exceptions près. Aujourd'hui, les tenants et aboutissants de la crise climatique actuelle sont largement méconnus de la population tchèque. Comment expliquer un tel déclin ? 

S’il n’existe aucune réponse définitive à cette question, il reste possible d'identifier plusieurs thèmes clés que l'on retrouve au sein du débat public sur la question environnementale en République tchèque. 

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