Trois députés pris la main dans le sac

Publié le 21 mars 2011 à 11:48

"Des eurodéputés démasqués dans le scandale "argent contre lois", titrait le Sunday Times dans son édition du 20 mars. Dans des révélations susceptibles de "provoquer l’un des plus grands scandales des 53 années d’histoire du Parlement", le Times a dévoilé que trois députés - dont un ancien vice-Premier ministre roumain - avaient accepté des pots-de-vin de la part de journalistes se faisant passer pour des lobbyistes. Au cours d'une enquête de huit mois, les journalistes ont pris contact avec plus de 60 députés en leur demandant s'ils seraient intéressés à s’engager dans des postes rémunérés de "conseillers". Quelque 14 députés ont mordu à l'hameçon, et trois - Adrian Severin, ancien vice-Premier ministre roumain, Zoran Thaler, ancien ministre slovène des Affaires étrangères et Ernst Strasser, ancien ministre de l'Intérieur autrichien - ont accepté de déposer des amendements à la directive Systèmes de garantie des dépôts. Les modifications apportées à une directive destinée à protéger les dépôts de la clientèle contre les faillites bancaires apparaissent désormais dans les documents officiels du Parlement telles que les faux lobbyistes les avaient rédigées. Les députés, qui touchent déjà un salaire de plus de 200 000 euros par an - sans compter leurs notes de frais-, pensaient qu'ils recevraient soit un salaire annuel supplémentaire de 100 000 euros, soit les honoraires d'un consultant, voire même les deux, pour leur travail.

"Strasser menacé de procédure pénale", titre le quotidien viennois Die Presse, après la démission de l’ancien ministre de l'Intérieur dans la foulée des révélations de l’hebdomadaire londonien. Strasser affirme qu'il n'a "rien fait de mal" et souligne qu'il a seulement voulu éviter tout "tort" au gouvernement de coalition autrichien. Il prétend aussi qu'il avait soupçonné des services secrets étrangers d’être derrière l'action et a continué à les rencontrer dans le but d’"accéder aux commanditaires". Toutefois, comme le note le Sunday Times, Strasser a également déclaré aux journalistes déguisés qu'un lobbyiste "avait une odeur particulière. Il est vrai de dire que je suis moi-même quelque chose comme ça. Nous devons donc être très prudents."

"Où Adrian Severin s’est-il trompé?", s'interroge pour sa part Gândul. Rappelant aux lecteurs que Severin avait lancé une croisade anti-corruption à son arrivée au Parlement européen en 2007, le quotidien de Bucarest le cite affirmant qu'il a "rien fait d'illégal", et que ses services n’étaient "pas du lobbying, mais du conseil". Le Sunday Times note que Severin a adressé un email aux journalistes dans lequel il écrivait : "Juste pour vous faire savoir que l'amendement que vous souhaitiez a été déposé en temps utile." Il a ensuite envoyé une facture de 12 000 euros pour des "services de conseil concernant la codification de la directive 94/19/CE, la directive 2009/14/CE et ses amendements".

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