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Un sommet pour pas grand chose

Publié le 22 mai 2015 à 14:35

Un sommet européen est, toujours, un sommet en soi-même, géographiquement parlant. On lui voit les neiges, les hauteurs, ce qui se passe par contre à la base, à l’intérieur ou bien au-delà, dans les plaines qui le bordent, reste toujours un peu décalé. A apprendre un peu plus tard, quand le voyageur assoiffé cherche le refuge, le symbole.

Face à une montagne, on tend à s’émerveiller de son sommet plus que de sa base ou des plaines qui l’entourent. Le sommet du Partenariat oriental de Riga (Lettonie, 20-22 mai), ne déroge pas à la règle. Les dessous sont nettement plus intéressants que ce que nous voyons de loin, dans les lumières des caméras et les flashes des appareils photo. Pour la première fois dans la courte histoire des sommets du Partenariat Oriental (le premier a eu lieu le 7 mai 2009, à Prague), les leaders des 28 Etats membres se sont montrés divisés quant à l’issue de la réunion, à la déclaration finale, au rôle du Partenariat en général.

Si la Pologne, la Suède, les pays Baltes, souhaitent que ce partenariat devienne un instrument clair de contre-propagande vis-à-vis de celle de Moscou, la France et l’Allemagne, la Commission européenne et le Conseil européen ne souhaitent pas laisser entendre que le Partenariat puisse servir à autre chose qu’à être un bel objet politique : “le partenariat n’est pas un instrument dirigé contre la Russie” (Angela Merkel), “personne n’a promis que le partenariat sera une porte d’entrée pour UE” (Donald Tusk, président du Conseil européen).
La déclaration finale, en est la preuve : elle est arrivée en retard de plus d’une heure par rapport au moment prévu pour la conférence de presse conjointe que devaient tenir Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et la Premier ministre lettone Laimdota Straujuma. La raison tient aux négociations entre les participants afin que la Crimée ne soit pas évoquée dans le texte, faute aux pays qui ne s’entendaient pas sur certains mots, elle ne contient pas, justement, le mot Crimée, afin que l’Arménie et Belarus signent quand même cette déclaration. Finalement, ”annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol”.

En ce qui concerne l’agression russe contre l’Ukraine, elle est évoquée en ces termes : “Les actes commis contre l’Ukraine et les événements en Géorgie depuis 2014 ont montré que les principes fondamentaux de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ne sont plus acquis sur le continent européen, au 21ème siècle”. Sans nommer donc l’aggresseur, c’est à dire la Russie.

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L’Ukraine et la Géorgie ont demandé de manière formelle la libéralisation des visas pour l’UE pour début janvier 2016. Acun engagement n’a été pris sur ce versant. En revanche, les participants ont pu dire chacun ce qu’ils en pensent : “aucun pays ne devrait pas être obligé de choisir entre UE et la Russie” (la Premier ministre danoise Helle Thorning-Schmidt) ; “nous étudierons les progrès faits par l’Ukraine et la Géorgie, et nous aviserons” (Jean-Claude Juncker) ; “Le monde a changé depuis Vilnius, mais pas non intentions, et c’est ce qui compte” (Donald Tusk).

Aucun grand pas n’a donc été accompli lors de ce sommet, car, comme l’a résumé Donald Tusk, “nous devons apprendre la patience. Ce que nous avons obtenu aujourd’hui – la reconnaissance des aspirations et des objectifs européens de certains pays faisant partie du Partenariat oriental – c’est le maximum que nous avons pu faire. Et c’est déjà très bien”.

Au revoir, donc. A dans deux ans, quand, n’est-ce pas, rien n’aura changé.

Photo: Andrejs Terentjevs. La conférence de presse conclusive du sommet de Riga, le 22 mai 2015

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