Actualité Intégrité publique

Une Europe à plusieurs vitesses

Dans un nouveau classement, plus objectif, de la corruption des acteurs publics des Etats membres de l’Union européenne, la Finlande est la plus vertueuse et la Bulgarie est à la traîne.

Publié le 21 janvier 2016 à 07:50

La présidence néerlandaise de l’Union européenne a rendu public, jeudi 21 janvier, au siège de la Commission européenne à Bruxelles, un nouveau classement de l’intégrité publique des 28 États membres. Le classement représente la première mesure objective traitant de cette problématique à l’échelle européenne. Il fait partie du rapport sur la confiance et l’intégrité rédigé par un groupe d’instituts de recherche associés dans le cadre du projet ANTICORRP, dirigé par Alina Mungiu-Pippidi, professeure à la Hertie School of Governance de Berlin.

Le classement repose sur six indicateurs étroitement liés qui sont suffisamment corrélés pour être agrégés en un seul indice d’une part et sont fortement associés aux indicateurs existants de corruption. Ces indicateurs fréquemment utilisés, notamment l’indice de perception de la corruption de Transparency International, se fondent sur les perceptions des experts.

Le nouvel indice d’intégrité publique (IPI) est plus objectif. Il s’appuie sur six indicateurs transparents : la simplicité administrative (la durée d’enregistrement d’une entreprise et le temps consacré aux questions fiscales), l’ commerciale, la capacité d’audit, la capacité judiciaire, les e-services offerts par le gouvernement et ceux utilisés par la population. Cette structure transparente permet une analyse de l’évolution de l’indice (d’une année à l’autre), impossible avec des indicateurs basés sur les perceptions. En outre, l’indicateur dépend ainsi des dernières réformes, alors que les indices se basant sur la perception sont en retard sur la réalité. Par exemple, ce n’est que lorsque la crise de l’euro a été rendue publique que l’on a commencé à percevoir la Grèce comme très corrompue, bien que la corruption en ait été l’une des causes principales.

Le classement, présenté dans le tableau, place les pays nordiques et les Pays-Bas en tête, alors que la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie sont les mauvais élèves. L’indice concerne les années 2012 et 2014, les données ultérieures n’étant pas encore disponibles. On peut en déduire une évolution positive de la Roumanie (qui a doublé la Bulgarie après avoir fermé la marche en 2012) et, particulièrement, de la Grèce qui a enregistré la plus grande progression au cours des dernières années, suivie de près par la Lettonie et la Lituanie.

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Selon le rapport, la performance économique n’explique pas, à elle seule, la perte de confiance importante envers certains gouvernements. Les Européens perçoivent une dégradation considérable de la qualité de la gouvernance et l’échec des politiques actuelles pour y remédier. Il n’y a que quelques pays en Europe dans lesquels une majorité claire estime que le succès, que ce soit dans le public ou dans le privé, dépende du mérite. Plus de la moitié des Européens pensent qu’on ne peut réussir dans les affaires, dans leur pays, que si l’on a des relations politiques. C’est dans les pays où la population continue à faire confiance au gouvernement malgré la crise que les citoyens perçoivent une intégrité plus importante et une meilleure gouvernance.

En mettant en exergue ces facteurs qui contribuent à la méfiance croissante à l’égard des institutions nationales et européennes dans toute l’Union, le rapport contribue grandement à la compréhension de la crise. Il formule les conclusions de cet examen à partir des données disponibles et espère nourrir le débat politique sur les mesures à prendre pour lutter contre le manque d’intégrité publique en Europe.

Tableau 1. Etats membres de l’UE classés par indice d’intégrité publique (IPI)

Schéma 1. Evolution du score IPI entre 2012 et 2014

Cet article est publié en partenariat avec ANTICORRP

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