Décryptage Luttes féministes | Roumanie

Violence de genre et féminisme en Roumanie : 20 ans de combat

La Roumanie est confrontée à une violence sexiste profondément enracinée dans sa culture, sa politique et son système judiciaire. Si l’activisme féministe des vingt dernières années a permis de grandes avancées au niveau de la loi comme au niveau des représentations médiatiques, de nombreux défis restent à relever, comme l’explique la journaliste roumaine Iulia Hau.

Publié le 31 août 2023 à 10:52

Une étude menée en 2016 par la Commission européenne, portant sur la violence sexiste dans les Etats membres de l’Union européenne, révèle que 55 % des Roumains, hommes et femmes confondus, estiment qu’un acte sexuel non consenti peut être justifié dans certains cas. Pour 30 % des sondés, le viol est justifié sur une femme évoluant au sein d’un groupe ayant consommé de la drogue ou de l’alcool, tandis que pour 25 % d’entre eux, s’habiller “de manière provocante” peut constituer un motif acceptable d’abus sexuel.


Il n’est donc pas surprenant qu’en 2021 l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes ait positionné la Roumanie tout en bas du classement de l’Indice européen d’égalité de genre, juste devant la Hongrie et la Grèce. Les croyances populaires voulant qu’“une gifle, ce n’est pas frapper”, que “s’il me frappe c’est parce qu’il m’aime” ou encore qu’“il faut frapper une femme de temps en temps sinon quoi elle ne ‘rentrera plus dans ses bottes’” [expression roumaine populaire critiquant une personne qui se comporte comme plus importante qu’elle n’est l’est vraiment, ndlr] illustrent les mentalités profondément ancrées dans la culture roumaine et sont malheureusement toujours d’actualité. Des entretiens révélateurs – bien que parfois difficiles – avec des activistes féministes, des chercheurs et des militants d’ONG montrent que la violence sexiste est l’un des problèmes majeurs auxquels les femmes roumaines sont confrontées à l’heure actuelle.

Depuis l’an 2000, année des premières manifestations contre la violence sexiste en Roumanie, le mouvement féministe a fait (et continue de faire) beaucoup : mise en place d'une législation adaptée, soutien aux victimes et sensibilisation du grand public. Il a également largement contribué à faire progresser la manière dont les journalistes et les grands médias présentent le sujet. Mais la problématique est vaste, et son histoire récente pourrait à elle seule remplir un livre. 

La ”manifestation Playboy

En avril 2000 défilaient à Bucarest des manifestations sans précédent – couvertes par des médias internationaux comme le New York Times, CNN et la BBC – menées par des femmes en réponse à un poisson d’avril de bien mauvais goût. Le magazine Playboy Roumanie avait en effet publié à l’occasion un article intitulé “Comment battre votre femme… sans laisser de traces”, proposant et décrivant en détail dix méthodes d’abus accompagnées d’une série de photos. L’article laissait par ailleurs entendre qu’un bon passage à tabac pouvait même conduire à une expérience sexuelle intense, “désir secret” d’une femme. Il suscita de vives réactions de la part de militantes activistes qui, pour la première fois dans l’histoire de la Roumanie, se mobilisèrent en masse contre la violence sexiste.

A demonstration against gender violence organised by several Feminist NGOs in Bucharest, in July 2019. | Photo: Eli Driu, Libertatea
Manifestation contre la violence sexiste organisée par plusieurs ONG féministes à Bucarest en juillet 2019. | Photo : Eli Driu, Libertatea

Dans le cadre de la manifestation, des lettres furent envoyées aux membres du Parlement roumain et aux ambassades. L'événement fit la une des médias internationaux et s’imposa comme la première contestation publique dénonçant le traitement réservé à la condition des femmes roumaines par des politiques nationales archaïques. Christie Hefner, alors présidente de Playboy Enterprise, se vit obligée de présenter des excuses publiques, de réprimander le rédacteur en chef roumain du magazine et de faire un petit don aux ONG roumaines engagées contre les violences sexistes.

En outre, les militantes impliquées dans le mouvement furent invitées à publier une série d’articles dans Playboy Roumanie. Une coalition temporaire, composée de neuf organisations dédiées à la lutte contre les violences sexistes, vit le jour juste après la manifestation, et les notions de “violence familiale” et de “viol conjugal” firent leur apparition dans le Code pénal cette année-là. L’obstacle majeur à la pleine réussite de la manifestation fut, malheureusement, le peu d’intérêt que les médias nationaux lui portèrent, contrastant fortement avec l’engouement international. Seule la version roumaine du magazine Cosmopolitan couvrit les événements.

“Un crime passionnel”

La violence sexiste est souvent exploitée à des fins de divertissement dans les espaces publics, à la télévision et dans la culture populaire, un constat notamment fait par des activistes féministes en 2012, année où 14 000 cas d’incidents de violence sexiste ont été enregistrés – ou du moins signalés – en Roumanie.

En conséquence, trois groupes féministes profitèrent d’une manifestation intitulée “Violența nu este divertisment!” (“La violence n’est pas un divertissement !”) pour dénoncer le rôle joué par les médias, coupables selon eux d’exploiter les comportements agressifs envers les femmes pour faire les gros titres, de ridiculiser les victimes, d’hypersexualiser les femmes et de maquiller les féminicides au travers d’expressions telles que “crime passionnel”, “assassinée par amour” ou “attraction fatale”. “Les militantes féministes ont exigé l’adoption d’un code éthique dans le journalisme. Malheureusement, cet événement n’a pratiquement pas été couvert par les médias” raconte Tudorina Mahai, présidente de l’association FRONT (1).

En 2013, des études statistiques montraient que près de 30 % des Roumains soutenaient l’idée que les femmes étaient parfois “responsables des coups qu’elles recevaient” et 42 % d’entre eux estimaient que la violence conjugale n’était pas une affaire d’utilité publique. La même année, le gouvernement roumain prévoyait de “traiter” les affaires de viol dans le cadre d’une nouvelle loi de médiation qui aurait imposé à l’accusé et à la victime de conclure une résolution de conflit à l’amiable, dans le but d’éviter de porter ces affaires au tribunal.

Cette loi présentait non seulement le risque que l’agresseur ne prenne l’ascendant sur la victime mais elle menaçait aussi de faire subir un nouveau traumatisme à cette dernière, ainsi que de la discréditer. Les organisations féministes s’empressèrent d'organiser des manifestations pour s'opposer à cette loi et réussirent à bloquer sa mise en œuvre.


Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi

C'est à cette période que l’activisme en faveur des droits des femmes a pris son envol en Roumanie. De nombreuses organisations ont uni leurs forces pour former ce qui allait devenir le réseau roumain VIF, le plus important regroupement d’organisations actives contre la violence sexiste (The Romanian Network on Preventing and Combating Violence against Women). 

En 2011, la Roumanie étant le seul pays de l’UE à n’offrir aucune protection juridique aux victimes de violence sexistes (Sandu, 2019), le centre FILIA – une des premières associations féministes du pays – lança le projet “Femeile spun NU publicității ofensatoare” (“Les femmes disent NON à la publicité dégradante !”), présentant un catalogue de diverses publicités irrespectueuses envers les femmes ainsi qu’un livre sur le même sujet.

La même année, FILIA organisa une manifestation devant le Parlement afin d’exiger une avancée des lois sur la prévention et le contrôle de la violence sexiste, de même que l’adoption d’une loi sur les ordonnances restrictives. Lors de la manifestation “STOP violenţei asupra femeilor: Victimele nu mai pot aştepta!” (“Stop à la violence faite aux femmes : les victimes ne peuvent plus attendre !”), des militantes féministes défilèrent avec des ecchymoses peintes sur le corps, des bandages et des bougies allumées à la mémoire des victimes de féminicide, avec pour ambition de montrer que la violence sexiste n’était pas une affaire privée –et devait donc être politisée.


La violence sexiste est souvent exploitée à des fins de divertissement dans les espaces publics, à la télévision et dans la culture populaire


En 2012, l’affaire Perla devint l’un des crimes sexistes les plus mentionnés dans les médias roumains à ce jour, relatant le meurtre par balle de Felicia Vădan, assassinée par son mari dans le salon de coiffure “Perla” où elle travaillait. Avant le meurtre la victime avait pourtant plusieurs fois signalé son mari aux autorités, en vain. À la suite de cette affaire, des mesures de protection juridique furent mises en place en Roumanie.

Malgré tout, la justice, les autorités policières et les systèmes sociaux étaient toujours loin de pouvoir fournir une protection rapide et nécessaire aux victimes, qui étaient contraintes d’apporter soit un rapport d’examen médico-légal, des déclarations de témoins, ou un dossier de plainte antérieure déposée contre l’agresseur pour obtenir celle-ci. Une étude menée par le Réseau VIF en 2013 révèle qu'à l’époque, en Roumanie, 33 jours d’attente étaient nécessaires, en moyenne, pour obtenir une ordonnance de protection.

Le journalisme au service de la sécurité des femmes

À la suite des manifestations de 2012 dénonçant le traitement de la violence sexiste fait par les médias, le journalisme en Roumanie a pris un tournant. De nombreuses enquêtes ont contribué à la prise de conscience et à la mobilisation de la classe politique. Une enquête de 2017 révélait par exemple qu’un nombre considérable de 500 pédophiles, déclarés coupables et condamnés, avaient été libérés grâce à la suspension de leur peine. Selon les données accumulées par les journalistes, pour un pédophile emprisonné, trois autres avaient reçu une peine avec sursis.

La même année, 400 d’entre eux étaient accusés, non pas de viol mais d’avoir entretenu “des relations sexuelles avec des mineurs”, plusieurs juges ayant estimé que des jeunes filles d’à peine dix ans étaient en mesure de consentir à la relation ou qu’elles étaient coupables d’avoir provoqué leur futur agresseur avec leur tenue légère. 

En réaction à ces révélations, le 8 mars 2019, le groupe féministe MulțumescPentruFlori (“Merci pour les fleurs”) organisait la manifestation “Cum se scapă de-un viol, domnule judecător?” (“Comment on s’en sort avec un viol, monsieur le juge ?”) devant le tribunal de Bucarest, demandant aux autorités d’arrêter de base leur jugement sur la tenue de la victime ou le taux d’alcoolémie de celle-ci, de priver les agresseurs de leur liberté durant l’enquête, de contrôler ceux-ci même après la fin de leur peine et de simplifier des procédures institutionnelles afin d’éviter aux victimes un nouveau traumatisme.

En 2019, les tribunaux judiciaires et les tribunaux de police – qui le plus souvent traitaient les plaintes de victimes avec indifférence, ignorance voire même dérision – ont commencé à voir leur responsabilité mise en cause. L’affaire Caracal choqua l’opinion avec l’enlèvement, le viol et le meurtre de deux adolescentes par un homme de 65 ans. L’une d’entre elles, âgée de 15 ans, enlevée, attachée et violée, avait pourtant réussi à appeler la police et à décrire le lieu où elle était séquestrée et avait demandé de l’aide. La réponse de l’agent de police au bout du fil était par la suite devenue célèbre : “Ok, ok reste où tu es. Reste là. J'appelle une équipe mais il faut que tu libères la ligne”. Ce n’est qu’une heure plus tard que ce même agent se renseignait sur la procédure pour localiser un appel auprès du service spécialisé dans les télécommunications. Quand la police avait enfin obtenu un mandat de perquisition pour intervenir, il était trop tard. L’agresseur fut condamné trois ans plus tard, en septembre 2022.

En réaction, le milieu du théâtre indépendant roumain s’est impliqué dans la cause féminine, avec la création d’une pièce inspirée de l’affaire Caracal, intitulée Nu mai ține linia ocupată  (“Il faut que tu libères la ligne”) écrite par Alexandra Felseghi et mise en scène par Adina Lazăr. Quelques mois plus tard, en solidarité avec les deux victimes, des groupes féministes organisèrent une manifestation nationale intitulée “Cade una, cădem toate!” (“Si l’une tombe, nous tombons toutes !”) dans les grandes villes de Roumanie, ainsi que devant le ministère de l’Intérieur. À la fin de la manifestation, les phrases “Le sexisme tue” et “Le racisme tue” taguées sur le bâtiment du ministère entraînèrent des conflits entre manifestants et agents de sécurité.

Alliance entre  société civile et journalisme

Jusqu’en 2021, il était encore possible de considérer les abus sexuels sur mineurs comme des actes sexuels légaux et consentis, même si les victimes n’étaient que des enfants de neuf ans. Mais des militants issus de la société civile ont décidé d’en finir avec les peines avec sursis dans les jugements pour viol (2). Ainsi, réunis sous la bannière Media X Files (3), un groupe de journalistes a rédigé vingt articles en l’espace d’un an, récoltant des données sur des affaires de violence sexiste. Leur travail a contraint les autorités à publier un rapport judiciaire, issu d’une enquête sur les pratiques judiciaires dans les affaires d’abus sexuel sur des victimes mineures, dévoilant que dans certains jugements, on pouvait trouver des déclarations comme : “la victime a consenti”, “la jeune fille mineure le fait avec l’approbation de sa mère”. Une jeune fille de onze ans est décrite dans l’un d’eux comme consentante “parce qu’elle n’était pas vierge au moment des faits”, et parce qu’“elle avait déjà eu une relation avec le défendeur, la preuve étant qu’ils avaient déjà deux enfants ensemble.

De tels arguments, invoqués dans un cadre juridique, mettaient en évidence une culture du viol où la victime est l’accusée, même dans le cas où elle n’est qu’une enfant. En plus de l’absence de loi qualifiant clairement de crime tout acte sexuel avec un mineur, le rapport juridique révélait un autre problème concernant les dépositions. On y apprenait qu’il n’existait pas de salle spéciale ou de lieu sûr pour accueillir les victimes. Au contraire, les dépositions avaient lieu dans la pièce où se trouvait l’agresseur. De plus, les agents des autorités impliquées n’étaient pas formés en conséquence et leur prise en charge des affaires menait souvent les victimes à vivre un nouveau traumatisme.

La violence sexiste au sein de la communauté Rom n’est pas abordée par les politiques gouvernementales et les idées reçues sur la culture de celle-ci déterminent souvent l’absence d’action juridique. E-Romnja, une organisation féministe à but non lucratif, se bat depuis 2012 en faveur des droits des femmes roms au travers de campagnes de sensibilisation et d’aide au développement de la communauté. Une de leurs études, intitulée Phenja: Suroritatea dintre femei împotriva violenței de gen  (“Phenja : la sororité contre la violence sexiste”) et menée par Ioana Vrăbiescu auprès de femmes Roms et non Roms dans la ville de Giurgiu, révèle la perception que les femmes se font de la violence sexiste.

Ainsi, les victimes de violence commise par leur partenaire amoureux soulignent qu’elles sont “moins affectées par la violence physique que par la violence verbale”, qu’elles ne définissent pas comme de la violence conjugale. La plupart des femmes interrogées font une différence entre un abus commis par un proche parent biologique et par un époux : “C’est une chose d’être frappée par un parent, c’en est une autre de l’être par son mari.”

Paradoxalement, ces femmes blâment les victimes de violence familiale, même dans les cas où elles sont elles-mêmes victimes. Il s’avère qu’en outre, elles ne perçoivent pas le viol conjugal comme une forme de violence (sexuelle ou non). Le harcèlement sexuel au sein de la famille, du quartier ou du cercle social est soumis à des règles communautaires et non juridiques.

Aucune plainte pour viol n’a jamais été enregistrée auprès de la police de Giurgiu, et dans cette communauté, un acte sexuel est considéré comme un viol seulement quand il implique plus d’un seul homme et si la victime porte des traces visibles de violence. Aucune des 24 femmes victimes ayant été interrogées n’a jamais porté plainte auprès de la police.

“$ex, $port, Blood…Sentimentality is not essential". During the "Violence is not entertainment!" protest in Bucharest, in November 2012. | Photo source: Front Association
Banderole sur laquelle est marquée le slogan "$exe, $port, $ang… Le sensationnel n'est pas indispensable", lors de la manifestation "La violence n'est pas un divertissement" à Bucarest, en novembre 2012. | Source de la photo : Front Association

La population de Valea Seaca (“La vallée sèche”) – commune située à 90 kilomètres de la ville la plus proche dans l’est de la Roumanie – est composée à 50 % de Roms. Depuis 2015, des actions féministes sont menées dans cette ville par E-Romnja, qui propose des réunions hebdomadaires sur divers thèmes : informations sur la violence sexiste et lutte pour la disparition de celle-ci, responsabilisation des femmes, valorisation de l’engagement civique, éducation aux droits sexuels et aux droits en matière de procréation, et éducation des enfants contre le harcèlement. 

Anca Nica, une représentante d’E-Romnja, révèle qu’au moment où le projet d’association a débuté à Valea Seaca, aucun homme n’avait jamais été poursuivi pour violence sexiste. En 2020, à la suite d’une affaire d’abus sexuel concernant une enfant de huit ans victime de son grand-père, les femmes de Valea Seaca organisèrent une manifestation devant le poste de police afin de sensibiliser l’opinion à la passivité des forces de l’ordre dans les cas d’abus et de violence à l’encontre de filles et de femmes roms. 

Selon Nica, un médiateur a déposé une demande de révision des procédures d’intervention dans les cas d’abus sexuel commis dans la région suite à la manifestation, et l’enquête officielle a révélé qu’en réalité, la police ne suivait aucun protocole pour traiter ces affaires. Les choses ont radicalement changé au moment où les actions féministes ont été mises en œuvre. Mieux informées sur leur santé en matière de procréation, les femmes ont compris que rien ne justifiait la violence sexiste, et ont décidé de participer à la marche “Împreună pentru siguranța femeilor” (“Ensemble pour la sécurité des femmes”).

Grâce aux initiatives d’E-Romnja, les femmes de Valea Seaca, mais aussi d’autres régions de Roumanie, ont eu l’opportunité de participer à des activités éducatives sur la violence sexiste, sur le mariage des mineures et le mariage forcé, la lutte contre la déscolarisation, ainsi que sur l’obtention de papiers d’identité pour les citoyens qui en sont dépourvus.

Perception du féminisme en Roumanie

Les vingt dernières années du féminisme en Roumanie montrent qu’un activisme féministe acharné peut apporter des changements positifs d’un point de vue social, juridique et politique. Des expériences positives mettent en évidence qu’il est essentiel d’éduquer et de permettre aux femmes d’exprimer leurs inquiétudes concernant la violence sexiste et d’exiger le changement qu’elles souhaitent voir se produire dans leurs vies.

Leur combat féministe, cependant, se poursuit et ne s’arrêtera pas tant que les autorités ne prendront pas leurs responsabilités en protégeant les victimes et en poursuivant les coupables, tant que le discours public sur la violence sexiste et le féminisme en général n’évoluera pas, et tant que la violence sexiste n’aura pas disparu.

Néanmoins, la lutte pour une société équitable dans laquelle les femmes sont traitées sur un pied d’égalité, quelle que soit leur origine ethnique, est et restera l’un des combats les plus difficiles à mener. La protection et l’éducation des filles et des femmes, en particulier celles issues de communautés vulnérables et marginalisées telle que la communauté Rom, est un travail de longue haleine, qui n’a débuté que récemment, mais qui a déjà connu des améliorations fondamentales. Engagés dans cette voie, de nombreux groupes et associations féministes ont assumé la responsabilité qui incombe normalement à l’Etat. Il reste, en effet, un long chemin à parcourir, mais les progrès sont chaque jour de plus en plus visibles.

🤝 Publié en collaboration avec Heinrich-Böll-Stiftung. 👉 Cet article a été initialement publié dans Stories of Feminist Mobilisation: How to Advance Feminist Movement Worldwide en anglais, et en roumain dans Scena9

Notes

1) Les membres de FRONT sont des féministes militant pour l’égalité femmes-hommes ainsi que pour l’éradication de toute discrimination, au travers de manifestations publiques, de groupes de pression, de mobilisations, de projets d’éducation, de recherche, d’éducation sexuelle dans les écoles, etc.

2)  La CEDH avait déjà condamné l'État roumain en 2016, suite à une affaire impliquant deux victimes, dans laquelle des juges roumains avaient décidé de condamner les agresseurs pour “actes sexuels avec un mineur” plutôt que pour “viol”.

3) Media X files était un projet journalistique visant à enquêter et à publier 16 articles sur le thème de la violence sexiste au cours de l’année 2020.

Références

Entretiens :

Sincères remerciements à Laura Grunberg, Daniela Drăghici, Anca Nică et Tudorina Mihai, qui ont contribué par leur temps et leurs connaissances à la rédaction de cet article.

Bibliographie : 


Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez un journalisme qui ne s’arrête pas aux frontières

Bénéficiez de nos offres d'abonnement, ou faites un don pour renforcer notre indépendance

sur le même sujet