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Un visage pour l’euro

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Publié le 11 janvier 2013

Qu’est-ce qui a des nuances de gris, brun et vert, qui est souple et qui tient dans la poche ? La dernière blague de Mario Draghi, diront certains esprits chagrins ou caustiques. Mais le nouveau billet de 5 euros présenté le 10 janvier, car c’est de lui qu’il s’agit, est la preuve à la fois la plus banale et la plus concrète que les autorités européennes restent inébranlables dans leur foi en l’avenir de la monnaie unique. Quoi de plus symbolique aux yeux des opinions publiques, des politiciens nationaux et des marchés que l’introduction d’une nouvelle coupure ?

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a préféré mettre l’accent sur la nouveauté graphique du billet : la présence d’un visage humain, en l’occurence celui d'Europe, la figure mythologique, tiré d’une céramique grecque conservée au Musée du Louvre à Paris. Jusqu’à présent, les billets en euro ne comportaient que des monuments imaginaires illustrant l’histoire de l’architecture européenne de l’Antiquité à nos jours.

Lors du lancement de la monnaie unique, les dirigeant européens avaient, après mûre réflexion, reculé devant le choix de personnalités ou de monuments réels. Qui de Goethe, Cervantes ou Victor Hugo aurait orné les billets de 500 euros plutôt que de 10 euros ? Pourquoi retenir le Colisée plutôt que l’Acropole (ou l’inverse) ? De peur de froisser les susceptibilités nationales, et par crainte de rendre ainsi impopulaire cette devise artificielle, décision avait été prise d’inventer des monuments types. Au risque de renforcer le caractère impersonnel de l’euro.

Plus de 10 ans après l’introduction des pièces et billets, ce questionnement semble dépassé. Même la crise de la zone euro ne semble pas avoir profondément remis en cause cette nouvelle habitude quotidienne des Européens. Alors puisqu’un premier pas vient d’être franchi, nous pourrions encourager la BCE à aller plus loin dans l’audace.

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Lorsque l’UE a reçu le prix Nobel de la Paix, beaucoup y compris parmi les dirigeants politiques ont fait remarquer que cette récompense revenait au moins autant aux Pères fondateurs de la construction européenne qu’à leurs continuateurs actuels. Alors pourquoi ne pas aller au bout de cet hommage et consacrer Robert Schuman, Jean Monnet, Altiero Spinnelli ou Paul-Henri Spaak, pour ne citer qu’eux ?

Certains objecteront qu’ils ne sont pas assez connus du grand public et qu’ils incarnent une vision technocratique de l’Europe. Mais ce serait justement le moyen de les intégrer aux réferences historiques et culturelles communes des Européens. Et cela vaudrait tout de même mieux que des monuments inventés que personne ne peut aller visiter.

Rien n’empêcherait ensuite d’orner nos billets de ces écrivains, peintres et musiciens qui faisaient le sel de nos anciennes monnaies nationales. Pour faire enfin de l’euro une monnaie à visage humain.

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