unknows Eurovision

Une (euro)copie... à Malmö

Publié le 17 mai 2013 à 13:30

Je crains que la finale du concours de l’Eurovision, qui aura lieu samedi 18 mai au soir, soit la plus pauvre, la plus triste, la plus dénuée d'éclat qu’on ait jamais vu. Pour le dire simplement, qu’elle soit dépourvue de … vision.

Je crains que ce ne soit un spectacle sec, désuet, avec des airs de déjà-vu et bon nombre de fausses notes. Je crains que ce ne soit un concours pauvre en candidats, pauvre en qualité et en prestance. Je crains que cette fois-ci, les commentaires des analystes ne tournent pas autour du système de vote (qui vote pour qui, quel pays favorisera ses voisins plutôt que le talent...), comme d'habitude, mais finissent par remarquer que les candidats ne sont pas élus "pour de vrai" mais choisis par quelque autre procédé mystérieux. Sans vouloir accuser personne en particulier, aucune capitale ni aucun concurrent, il faut toutefois noter quelques aspects extrêmement troublants de la cuvée 2013.

Récapitulons. D'abord les absents : Luxembourg fête cette année "le 20ème anniversaire de sa non-participation au concours", pour des raisons de droits d'émission ou de participation ; c'est également la raison invoquée par le Portugal, la Bosnie-Herzégovine ou la Slovaquie. La Turquie, réjouissance habituelle de l'Eurovision - tout comme la Moldavie et l'Ukraine, qui aspirent à rejoindre l'Union Européenne mais qui n'en font partie que le temps du spectacle - a retiré sa candidature pour protester contre l'introduction d'un système de jury composé de professionnels mais aussi, contre la qualification automatique de cinq états membres (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni, plus le pays organisateur). Enfin, la Pologne ne s'est pas présentée depuis deux ans. La seule nouvelle intéressante est le retour de l'Arménie dans le concours. En bref, 39 candidats seulement sont en lice pour cette édition 2013 (dont 27 se retrouveront en finale).

Malmö, ville natale du footballeur Zlatan Ibrahimovic (évoluant dans l'équipe nationale de la Suède et au PSG) qui y est habituée, sera le théâtre de choix hétéroclites. Pour le Royaume-Uni, par exemple, Bonnie Tyler, une artiste qui n'a plus besoin d'être présentée mais qui ne représente guère la Grande-Bretagne contemporaine. Cezar, pour la Roumanie, est également un choix aussi contesté que discutable, devant d’autres candidats qui disposaient de titres bien plus adaptés au "style" de ce concours. La France y présente une quasi inconnue, Amandine Bourgeois. On murmure déjà à propos du concurrent hongrois et de sa très mélodieuse "Kedvesem" (Ma chérie) que ce ne serait pas tant un choix qu'une "commande" du Premier ministre hongrois Viktor Orban, grand adorateur du terroir.

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Après avoir écouté chacune des chansons qui seront présentées, on est frappé parce qu’aucune ne sort vraiment du lot, une constante de ces dernières années, comme en 2012 avec Loreen et son "Euphoria"...

Dans ces conditions, difficile de croire que le célèbre concours musical, qui se voulait le reflet d'une vraie vision de l'Union européenne d'aujourd'hui, tienne encore les promesses de sa création. Lors de la première édition, en 1956, cette copie presque conforme du Festival de San Remo se voulait une image fidèle d'un continent sans frontières administratives et géopolitiques...

57 ans après, le concours ressemble à deux tout autre images : celle d’un sénateur vieilli prématurément qui a perdu tout goût musical (ou désir de vivre), et celle de l'Union européenne elle-même. Les états fondateurs - pour faire simple, la zone euro - constamment représentés, et les derniers pays à avoir adhéré, qui vont et viennent selon l'état de leurs finances. Tout en sachant qu’ils ne gagnent presque jamais. "Le chemin vers Malmö", pour paraphraser une émission de la télévision roumaine TVR, devient aussi long que celui vers l'intégration européenne. Et aussi dépourvu de vision...

Voir la version longue de l’article en roumain dans Qmagazine.

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