Data Les européens et le Covid-19 | En chiffres

La deuxième vague du COVID-19 a déjà provoqué plus de décès dans un tiers des régions européennes

Par rapport à la première vague, qui a eu lieu au printemps, l’excédent de décès enregistré en automne semble être géographiquement moins concentré du point de vue des régions. Alors que la deuxième vague vient de franchir son pic, nous avons compilé les données de 750 régions d’Europe afin de faire un bilan de la situation actuelle de la pandémie.

Publié le 10 janvier 2021 à 13:07

Au cours des derniers mois, les Européens sont à nouveau plongés dans la tourmente de l’épidémie du coronavirus, provoquée par ce qu’on appelle la seconde vague. Les données de 21 pays européens indiquent que 370 000 décès supplémentaires ont été répertoriés, par rapport à la normale, depuis le déclenchement de cette pandémie.

Excédent de décès par pays.
Nombre hebdomadaire de décès en 2020, par rapport au niveau moyen au cours des années précédentes.

Ces excédents de décès sont géographiquement très dispersés, ce qui rend les données régionales plus pertinentes que les données nationales.

Établir une cartographie des excédents de décès permet de comparer la vague du printemps et celle de l’automne et d’avoir une image plus précise des zones actuellement les plus touchées.

L’Europe centrale et orientale violemment frappée par la deuxième vague

Plus d’un tiers des régions de l’Europe ont enregistré un excédent de décès en automne en comparaison avec toutes autres périodes de l’année. Un modèle géographique peut aisément être mis en évidence : de nombreux pays d’Europe centrale et orientale, comme par exemple la Pologne, la République tchèque et la Bulgarie, avaient été relativement épargnés au cours de la première vague, mais ils ont été violemment frappés par la deuxième.

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La plupart des pays d’Europe de l’Ouest ont enregistré un plus grand nombre de décès au printemps, alors que le nombre le plus élevé de décès a été enregistré en automne dans les pays de l’est du continent.
Saisons au cours desquelles le nombre des décès a différé par rapport à la normale, par région.

Il est difficile de comparer les données statistiques de la COVID-19 d’un pays à l’autre, dans la mesure où le décompte des décès s’effectue de différentes manières. Le simple décompte des excédents de décès élude un nombre important de questions et c’est un outil qui est plutôt pertinent pour effectuer des comparaisons internationales. Toutefois, c’est aussi la méthode de mesure qui prend en compte la plus longue durée en intégrant les données des dernières semaines et l’intégralité des données du dernier mois en cours.

Le grand tournant se fait attendre

Plusieurs pays européens n’ont pas encore franchi le pic des décès, ce qui signifie que nous ne pouvons pas encore avoir un panorama complet de la deuxième vague du COVID-19. Nous pouvons, néanmoins, avoir une vision instantanée de la situation actuelle. Certaines tendances semblent se dessiner.

Premièrement, le tournant a été beaucoup plus long à venir. Au printemps de cette année, le nombre de décès a connu une croissance rapide au début du mois de mars. À la mi-avril, au bout d’environ six semaines, ce chiffre a atteint son point culminant en Europe. Alors qu’en automne, il a fallu attendre pas moins de 11 semaines avant de basculer de l’autre côté d’un pic qui avait commencé à se former dès la mi-septembre.

Le nombre de décès dus au COVID-19 en Europe a été le plus élevé en automne si on le compare aux autres périodes de l’année. Mais, alors que la première vague a durement touché un nombre restreint de régions et provinces, comme Bergame en Italie, notre étude met en évidence une plus grande dispersion du virus.

Au printemps, les 50 régions les plus touchées en Europe représentaient pratiquement la moitié de l’excédent de décès considérés comme “hors norme”. En automne, cette proportion a diminué pour atteindre un taux de seulement 30%.

Excédents de décès en Europe.
NB : Les Etats ont rapporté leurs données datant de différentes périodes et dans certains, comme la Suède, le pic de l’automne n’a pas encore été atteint. Source : Eurostat, Destatis, NRS, NISRA, actualisé le 8 décembre 2020.

Environ trois régions sur cinq ont enregistré un excédent de décès au cours de cet automne. C’est, à peu près, la même proportion qu’au printemps. Mais, cette fois-ci, il y a moins de régions qui ont été confrontées à un taux extrêmement élevé.

Au printemps, le nombre de décès a été multiplié par deux dans 18 régions. À Bergame, ce chiffre a même triplé. À titre de comparaison, en automne, aucune des 750 régions figurant dans notre base de données n’a connu un doublement du nombre de décès par rapport à la situation normale. 

Il est utile de rappeler que, même si le pic des décès n’a pas encore été atteint dans toutes les régions, ce schéma reste utile pour constater une tendance, sans pour autant fournir de mesures précises. Par exemple, la Suède a notifié le plus grand nombre de cas jamais enregistrés auparavant, ce qui semble indiquer que cette nouvelle vague n’a pas encore atteint son apogée. Alors que l’Italie est inhabituellement à la traîne du point de vue des statistiques et ne dispose de données que pour le début de l’automne.

Même si nous n’avons pas encore de panorama global, les données dont nous disposons jusqu’à présent semblent indiquer que la deuxième vague ne se concentre pas sur un nombre limité de sites, mais s’étend d’une région à l’autre atteignant un nombre considérable de zones qui n’avaient pas été touchées préalablement par la première vague.


Méthodologie

Notre analyse se fonde sur des données quotidiennes ou hebdomadaires des décès, toutes causes confondues, dans chaque région. Ces données ont été collectées avec Eurostat et des agences nationales de statistique (Royaume-Uni : ONS, NRS et NISRA ; Allemagne : Destatis ; Espagne : ISCIII ; Pays-Bas : CBS). 

Nous avons rassemblé autant de données géographiques détaillées que possible (majoritairement au niveau NUTS 3), mais dans certains pays, tels que l’Allemagne et le Royaume-Uni, seules des données NUTS 1 ont été publiées, et NUTS 2 aux Pays-Bas. Certains pays de l’Europe centrale et de l’Est n’ont pas déclaré de statistiques régionales sur la surmortalité. Ils n’ont donc pas été pris en compte dans cette analyse. 

La surmortalité a été calculée en comparant toutes les morts déclarées dans une région depuis le début de la pandémie avec le nombre moyen de morts des années précédentes, à la même période. 

Pour la plupart des pays, la période moyenne s’étend de 2015 à 2019. Pour d’autres pays, les données sont disponibles sur moins d’années, mais au moins deux ans ont été exploités. Certains, comme l’Espagne, ont modélisé le nombre prévu de morts en 2020 au lieu de fournir des données historiques. 

On considère qu’une région connaît une surmortalité si le nombre de morts déclarées était supérieur aux prévisions d’au moins 5 % et de 20 personnes. Si le nombre de morts dans une région est supérieur aux prévisions de plus de 25 %, nous avons qualifié la surmortalité de “forte”. 

👉 L'article original sur Medium.

Cet article est publié en partenariat avec le European Data Journalism Network et  Big Techtopia.


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