Le double état de l’Union

Publié le 3 septembre 2010 à 09:14

Le 7 septembre, José Manuel Barroso doit prononcer son premier discours de l’état de l’Union devant les députés européens. Le président de la Commission européenne "présentera son évaluation de la situation de l'Union et passera brièvement en revue les défis politiques des douze prochains mois". Un exercice institué par le traité de Lisbonne et directement inspiré du discours annuel du président américain devant le Congrès. A une différence près : l’hôte de la Maison-Blanche, même s’il dirige un Etat fédéral au sein duquel les Etats fédérés disposent de larges compétences, est le décideur ultime de la politique de son pays. Ce que n’est pas le cas du patron de la Commission, qui doit composer chaque jour avec le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et surtout avec les dirigeants des 27 pays membres de l’UE.

Or, sur la majorité des "défis politiques" évoqués par Barroso, les Etats membres tiennent les cartes en main, qu’il s’agisse de la coordination des politiques économiques pour garantir la reprise, de la régulation économique, de la politique énergétique ou des financements du budget de l’Union, de la politique d’innovation et de la politique agricole commune.

Certes, le fait que le chef de l’exécutif communautaire s’exprime devant les députés européens marque une évolution importante du fonctionnement de l’UE : la montée en puissance du Parlement, qui exerce un influence de plus en plus forte sur la définition des politiques de l’Union, en matière d’environnement ou de libertés publiques notamment.

Mais il ne faudrait pas que l’UE fonctionne selon deux schémas parallèles, avec d’un côté les institutions, Commission et Parlement en tête, qui fixent un cadre législatif, et de l’autre les Etats qui fixent des politiques dépendantes de leurs intérêts nationaux. Car comme le pointait cette semaine le politologue américain Charles Kupchan, "lentement mais sûrement, la scène politique européenne deviendra de moins en moins européenne et de plus en plus nationale, jusqu’à ce que l’UE n’ait plus d’union que le nom." Rien ne serait pire que des responsables qui font semblant que l’Union fonctionne parce que les traités donnent de nouveaux pouvoirs à ses organes.

Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi
Tags
Cet article vous a intéressé ? Nous en sommes très heureux ! Il est en accès libre, car nous pensons qu’une information libre et indépendante est essentielle pour la démocratie. Mais ce droit n’est pas garanti pour toujours et l’indépendance a un coût. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à publier une information indépendante et multilingue à destination de tous les Européens. Découvrez nos offres d’abonnement et leurs avantages exclusifs, et devenez membre dès à présent de notre communauté !

Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez le journalisme européen indépendant

La démocratie européenne a besoin de médias indépendants. Rejoignez notre communauté !

sur le même sujet