Idées Brexit

Le référendum écossais était plus digne

A quelques heures du référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni, il est temps de tirer un bilan de la campagne. Pour ce faire, un comparatif sur avec le référendum écossais met en lumière à quel point cette campagne a été mauvaise.

Publié le 21 juin 2016 à 23:59

Un vote moins ouvert qu'en Ecosse

Le référendum sur le Brexit pose question du point de vue démocratique : les habitants britanniques et du Commonwealth peuvent voter, mais pas les Européens du continent. Ce n'était pas le cas en Ecosse où les Européens non Britanniques pouvaient également s'exprimer. Cette ouverture a été jusqu'à l'abaissement de l'âge légal pour voter à 16 ans. Cela n'a pas empêché les « Ecossais » de décider de rester au sein du Royaume-Uni. Il est donc très paradoxal (ou hypocrite, suivant le point de vue) que les citoyens européens aient pu voter dans un cas, mais pas dans l'autre. D'autant plus que cette fois, l'enjeu est clairement européen.

Deux référendums peu clairs sur l'avenir du pays avec l'UE

C'était une des grosses faiblesses du référendum écossais : on ne savait pas clairement si l'Ecosse et ses citoyens seraient dans l'Union européenne ou pas en cas d'indépendance. Les dirigeants nationaux européens semblaient très frileux sur le sujet. Avec le vote sur le Brexit, c'est un poil plus clair. Là, il s'agit d'un vote sur l'appartenance à l'UE... mais on ne sait pas qu'elle sera son statut futur non plus : à la norvégienne, à la suisse, à l'anglaise... Les négociations sur les deux prochaines années s'annoncent longues et tendues avec les partenaires européens. Ces derniers seront tentés de faire un exemple au cas où certains auraient l'idée de faire la même chose que les Britanniques...

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De plus, les électeurs britanniques vont s'exprimer sur leur relation avec un partenaire promis à de gros changements dans les prochains mois avec la fédéralisation de la zone euro et peut-être la mise en place d'une Europe à deux vitesses. Dès lors, peut-être que les Britanniques votant pour le Brexit de cette Europe-là s'arrangeraient d'être dans un second cercle plus tourné vers l'économie que vers l'intégration politique ?

Une campagne où l'hystérie l'a emporté

L'affiche polémique et odieuse de la campagne de Nigel Farage sur les hordes de migrants du continent prêts à envahir le Royaume-Uni résume assez bien le niveau de cette campagne. Dans les deux camps, les arguments les plus gros ont été utilisés: fin du monde en cas de Brexit, fin de la culture (blanche) britannique en cas de Remain.

Pour le référendum en Ecosse aussi, la fin de la campagne a été plus dure dans les dernières semaines. Cependant, le niveau était beaucoup plus élevé, centré sur les arguments raisonnés. Il était frappant de constater qu'il y avait très peu de sentiment anti-Anglais durant la campagne écossaise. On était bien loin de l'animosité portée par des productions cinématographiques du type « Braveheart » ou « Outlander ». On était du reste sur une affirmation de sa différence, pas sur le rejet de l'autre.

La campagne du Brexit a été fortement marquée par le fantasme d'une perte d'identité. La peur n'élève pas le débat et les citoyens.

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