La question des réfugiés qui arrivent en Europe vient de faire irruption dans le débat public en Pologne. Bien que le premier ministre Ewa Kopacz admette que les Polonais “ont un devoir moral d’aider les réfugiés”, elle réitère qu’ils “ne peuvent pas se permettre d’accueillir des immigrés économiques”. Pour l’instant, son gouvernement ne s’est engagé à accepter que 2 000 migrants et, tout comme d’autres pays d’Europe centrale comme la République tchèque, la Hongrie et la Slovaquie, il s’oppose à l’idée de mettre en place des quotas de demandeurs d’asile obligatoires proposés par la Commission européenne. La question des migrants a suscité une polémique en Pologne et a créé des antagonismes au sein de la société, ce qui est l’une des raisons de cette approche prudente.
D’après un sondage effectué récemment pour Gazeta Wyborcza, 53 % des Polonais estiment que leur pays devrait accueillir des réfugiés, alors que 44 % d’entre eux y sont opposés. De plus, 32 % des sondés ont répondu que la Pologne devrait en recevoir aussi peu que possible.
La plupart des commentateurs du courant dominant exhortent l’exécutif à accepter plus de migrants et fustigent les arguments des journalistes de droite très critiques à l’idée d’accueillir des migrants, en les accusant de manque de solidarité. Jacek Żakowski écrit dans Gazeta Wyborcza que

La puanteur de la xénophobie polonaise se répand en Europe. Elle renforce les préjugés anti-polonais et va alimenter les attitudes défavorables à l’égard des postulats polonais et des Polonais dans les autres pays européens. Cela fait longtemps que l’on n’a pas marqué contre notre camp dans l’Union européenne d’une manière aussi pitoyable.
“Honte à toi, Pologne !”, lit-on dans l’éditorial de Newsweek Polska. Son rédacteur en chef Tomasz Lis critique de manière virulente ceux qui refusent d’accepter des immigrés en Pologne –
En s’opposant à l’idée d’accueillir des réfugiés en Pologne de manière ostentatoire et avec nonchalance, de nombreuses personnalités publiques (sans parler des sites incitant à la haine) se sont discréditées. C’est de l’égoïsme pathétique et de l’intolérance déguisés en crainte pour l’avenir de notre société, notre sécurité et notre cohérence chrétienne. Nous avons échoué, en tant que société et État, à l’épreuve de compassion, d’honneur et de valeurs chrétiennes.
A l’opposé, les détracteurs de l’immigration, tel que Tomasz Terlikowski, le rédacteur en chef du mensuel Fronda, très catholique et conservateur, lance un appel pour que les frontières de l’Europe soient rendues plus étanches –
Malgré l’interprétation que les médias occidentaux [montrant des photos choquantes du corps d’un garçon de trois ans échoué sur une plage] essaient de nous imposer, rien ne nous oblige à accepter tous ceux qui arrivent du Moyen-Orient ou du Maghreb, à ouvrir nos frontières et à absorber des centaines de milliers, peut-être même des millions, de personnes parmi lesquels des terroristes de l’État Islamiste peuvent se cacher.
Selon Rafał Ziemkiewicz, commentateur de droite de l’hebdomadaire Do Rzeczy, “la seule solution possible pour résoudre le problème de l’immigration est d’y mettre un terme.” Il estime que –
La Pologne devrait négocier fermement et expliquer que la « solidarité européenne » doit autant concerner les problèmes liés à la guerre en Ukraine que ceux qui touchent les pays du Sud.

Cet article est publié en partenariat avec #OpenEurope

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