Budapest, le 9 mars 2013. Une manifestation de l'opposition contre la modification de la Constitution. Sur le panneau : "Constitution. Démocratie. Etat de droit"

L’opposition s’agite en vain

Le Parlement hongrois a voté une nouvelle modification de la Constitution dénoncée par l’opposition et contestée en Europe. Pour le Magyar Nemzet, proche du gouvernement, ces protestations ne sont qu’une illusion créée par une opposition en mal de légitimité.

Publié le 12 mars 2013 à 14:35
Budapest, le 9 mars 2013. Une manifestation de l'opposition contre la modification de la Constitution. Sur le panneau : "Constitution. Démocratie. Etat de droit"

S’il y a bien une chose en quoi la Hongrie ressemble beaucoup à la Russie de Poutine, c’est dans la position actuelle et l’action de l’opposition, dans les techniques utilisées par les mouvements anti-autorités. Ce fait est bien illustré par la tentative, qualifiée de civique, de l’occupation du siège de la Fidesz, le 7 mars dernier. On peut y déceler le fait que le soutien vient essentiellement de l’extérieur et non d’une base populaire avérée, ni d’une intention claire de provoquer le pouvoir.
Le but principal de l’opposition est de devenir l’image de la protestation, quitte à aller jusqu’à la limite de la légitimité ou à la franchir, en se présentant comme la victime arbitraire de pouvoir, si possible dans le cadre des reportages de CNN.

Disparition du monopole de la pensée de gauche

En Hongrie, depuis deux ans et demi, la gauche et les libéraux se présentent en martyrs. Sans grand succès pour le moment, entre autre parce que – contrairement à 2006 [lorsque des manifestants ont été chargés par la police pendant les commémorations de l’insurrection antisoviétique de 1956] - notre pays est devenu l’une des provinces les plus libres du monde en ce qui concerne le droit à manifester.
Mais la frustration de l’opposition libérale de gauche à Viktor Orbán est différente de celle de l’opposition à Poutine. Elle est en train d’apprendre que le monde hongrois qu’elle pouvait dominer jusqu’ici par ses ressources financières, par un monopole de la pensée solidement fortifié – même si elle en avait parfois perdu le fil – disparaît lentement.
La nouvelle Constitution [adoptée en 2011 et entrée en vigueur le 1er janvier 2012] est aujourd’hui acceptée en Europe; on entend à peine le bruit de la guerre déclarée à la régularisation des médias; la politique qui force le pays à suivre la thérapie prescrite par le FMI, ce qui aurait inévitablement provoqué la chute du gouvernement, a fait long feu ; et la banque centrale ne pose plus aucune entrave à la politique gouvernementale.
De nombreux signes indiquent que, soutenu par la majorité des deux-tiers [dont la Fidesz bénéficie au Parlement], le gouvernement est passé de la transition à la consolidation, même si ce fut parfois avec anxiété et non sans détours. Si le gouvernement parvient à maîtriser l’équilibre budgétaire et à réanimer une économie exsangue, il aura toutes les chances de soutenir les électeurs d’une toute autre façon que par la diminution continue des charges des foyers. Et si cela lui est possible, il s’en servira comme le ferait n’importe quel autre pouvoir gouvernemental sain.

Attaque fallacieuse et écoeurante

La consolidation de l’économie sonnerait la mort de l’opposition. On peut dire que l’attaque lancée au prétexte du quatrième amendement à la Constitution soutenue par des tirs internationaux puissants est fallacieuse et écœurante, mais elle n’est guère surprenante. Le ministre des Affaires étrangères János Martonyi ne dit pas autre chose dans un entretien à l’hebdomadaire Heti Valasz : “Ne nous attendons pas à ce que les attaques politiques prennent fin car la lutte entre les partis a lieu dans tous les pays au niveau européen”.
En ce qui concerne l’amendement contesté de la Constitution, il ne peut surprendre personne. Lorsque la Cour constitutionnelle – qui régit l’équilibre des pouvoirs vis-à-vis de la majorité gouvernementale - avait rejeté les dispositions transitoires de la Loi fondamentale, la Fidesz avait clairement fait savoir qu’elle devait y incorporer la plupart des passages incriminés pour des raisons formelles. Bien entendu, la Fidesz ne devrait pas systématiquement régler les problèmes par la Constitution. Mais il est indiscutable que la tâche de la Cour constitutionnelle est d’interpréter les dispositions de la Loi fondamentale, pas de juger de leur bien-fondé [la réforme constitutionnelle empêche la Cour de statuer sur le fond et de se référer à sa jurisprudence d’avant l’entrée en vigueur de la Constitution].
Il ne reste qu’un an jusqu’aux prochaines élections et l’opposition craint cet évènement, à juste titre. Un nouvel échec pourrait lui être fatal. Elle va donc utiliser tous les outils à sa disposition pour discréditer le gouvernement, et elle continuera à trouver des partenaires internationaux sérieux et des volontaires civils, anarchistes.
La campagne sera sordide, le bruit de la bataille assourdissant. Mais n’oublions pas qu’il ne s’agit que d’un combat d’arrière-garde. Ce n’est plus la Constitution en elle-même qui est attaquée, seulement l‘amendement proposé.

Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi
Tags
Cet article vous a intéressé ? Nous en sommes très heureux ! Il est en accès libre, car nous pensons qu’une information libre et indépendante est essentielle pour la démocratie. Mais ce droit n’est pas garanti pour toujours et l’indépendance a un coût. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à publier une information indépendante et multilingue à destination de tous les Européens. Découvrez nos offres d’abonnement et leurs avantages exclusifs, et devenez membre dès à présent de notre communauté !

Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez le journalisme européen indépendant

La démocratie européenne a besoin de médias indépendants. Rejoignez notre communauté !

sur le même sujet