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Le monument au duc de Richelieu, en haut de l'escalier du Potemkine. Giant staircase and Monument to Duc de Richelieu on Primorsky Boulevard in the city of Odessa, Ukraine. Panoramic view in a summer morning

Pour l’écrivain bosnien Faruk Šehić, “l’Ukraine est la beauté même”

L’écrivain bosnien Faruk Šehić a voyagé en voiture depuis Berlin jusqu’en Ukraine. Dans un reportage publié en juillet 2023 dans le quotidien de Sarajevo Oslobodjenje, il raconte son expérience. Les parallèles avec la guerre qu’il a lui-même vécue dans les années 1990 sont nombreux.

Publié le 21 décembre 2023 à 09:28
Giant staircase and Monument to Duc de Richelieu on Primorsky Boulevard in the city of Odessa, Ukraine. Panoramic view in a summer morning Zarevv | Deposit Photo  | Le monument au duc de Richelieu, en haut de l'escalier du Potemkine.
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À Odessa, j’ai pu apprendre un certain nombre de termes médicaux utilisés sur le terrain, comme "tourniquet" (un garrot), “HALO Chest Seal” (un pansement pour les plaies thoraciques graves) ou “PIO” (pour perfusion intra-osseuse).

Ces connaissances sont primordiales pour un soldat gravement blessé sur le champ de bataille. À l’époque de la guerre de Bosnie-Herzégovine [à laquelle l’auteur a participé], j’ai dû improviser un garrot avec ma chemise. Il a permis de stopper l’hémorragie d’un soldat touché à la cuisse par une grenade de 120 mm qui n’avait pas explosé. Le projectile était si petit qu’il avait réussi à traverser un toit, un panneau préfabriqué et deux dalles de béton (la scène est décrite dans mon livre Pod Pritiskom) ["Sous Pression”, non traduit]. Quand un autre de nos hommes, Ćerim, a été gravement blessé à la poitrine, nous n’avons pas pu utiliser de pansement prévu à cet effet. Par chance, mon unité incluait un bon groupe d’infirmiers militaires, dont Enes Hasanagić. C’était vers la fin de la guerre, en 1995.

À Odessa, nous avons livré des sacs mortuaires blancs et imperméables en plus de combinaisons et bottes étanches en néoprène. Une partie de la ville de Kherson avait été inondée par le Dniepr après la destruction du barrage de Kakhovka. 

Il est difficile de retranscrire à l’écrit mon ressenti de ces quelques jours passés en Ukraine. Mais cela vaut la peine d’essayer de poser des mots dessus.

Une fois passée la frontière polono-ukrainienne à Korczowa-Krakovets, la voiture lancée sur cette large autoroute, un immense sentiment de sérénité m’envahit. Une tranquillité absolue s’étend au-dessus de nous, à l’image de ces arbres qui surplombent la route. Tout semble différent en Ukraine, même si la Pologne peut paraître identique à bien des égards. Nous filons à travers le décor ukrainien et les paysages se succèdent à la vitesse de l’éclair. 

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Sur la route entre la Pologne et l'Ukraine. | Photo : ©Faruk Šehić

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