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Un nuage qui coupe l’Europe en deux

Des chefs d’Etat aux simples citoyens, les voyageurs de tout le continent subissent les conséquences du nuage émis par le volcan Eyjafjöll. Ce doit être l’occasion pour l’UE d’améliorer sa politique en matière de transports.

Publié le 19 avril 2010
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Tout un symbole. "Après le brouillard étrange au-dessus de la forêt de Katyń, un nuage volcanique encore plus étrange est arrivé", remarque Lidové noviny. Et lors des funérailles du président polonais Lech Kaczyński et de son épouse, le 18 avril à Cracovie, "la liste des chefs d’Etats qui auraient dû venir est devenue la liste de tous ceux qui ne sont pas venus", constate l'éditorialiste du quotidien tchèque, Luboš Palata. La cérémonie qui aurait dû rassembler les chefs d'Etat de toute l'Europe est ainsi devenue "un enterrement est-européen avec une seule star, le président russe Dimitri Medvedev".

"Une fois de plus, le nuage islandais a divisé le continent en deux. Et cette fois-ci, ce n’était pas seulement un signe de Dieu", regrette Palata. Ainsi, alors que le président autrichien Heinz Fischer, "qui n’avait que quelques heures de route pour se rendre à Cracovie", a renoncé au déplacement, le président roumain Traian Basescu a fait le voyage de Bucarest en voiture, tandis que son homologue géorgien Mikhaïl Saakachvili a loué un petit avion aux Etats-Unis avec lequel il a pu contourner le nuage volcanique.

Cette division entre responsables politiques ne fait que refléter un problème plus concret, soulevé dans le quotidien estonien Postimees par le chef de cabinet du commissaire européen aux Transports, Siim Kallas. "L'interruption du transport aérien soulève le problème de l’insuffisance des transports par voie terre à l’intérieur de l’Europe", explique Hendrik Hololei, qui constate qu'"aujourd’hui, l’Europe de l’Ouest n’est pas facilement accessible par voie de terre depuis l’Europe de l’Est et que cela limite la libre circulation des biens et des personnes. La preuve, l’Estonie qui appartient à l’OTAN et à l’Union européenne, qui fait partie de l’espace Schengen et qui devrait prochainement adhérer à la zone euro, est toujours liée au chemin de fer russe et au système énergétique russe".

Notant que certains des précédents commissaires européens aux Transports ont fait des démarches pour améliorer la connexion des transports européens avec des pays comme ceux de l'Afrique, Hololei note qu’il faudrait commencer à régler les problèmes "chez nous". À court terme, cependant, c'est le nord et le sud de l'Europe qui sont séparés par le nuage volcanique islandais.

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Et c'est à l'UE de se mobiliser pour aider ses citoyens, estime Denis Mc Shane dans The Independent. L'ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Tony Blair appelle "les représentations de l'UE à quitter leurs bureaux confortables de la capitale et aller où les citoyens européens ont besoin d'aide. Les étudiants locaux qui parlent des langues étrangères peuvent voyager pour aider les personnes monolingues. Les forces militaires et navales doivent être mobilisées pour parvenir aux endroits reculés de l'UE comme les îles Canaries où des milliers de vacanciers allemands, britanniques, néerlandais et nordiques sont isolés".

"Si les vols restent suspendus, l'UE devrait réquisitionner des trains et des autocars pour maintenir un lien entre le nord et le sud du continent, ajoute McShane. Les vols en provenance d'Amérique du Nord et du Sud devraient être détournés vers Barcelone et Milan et des trains spéciaux devraient transporter les gens, les biens et les lettres vers le nord. Des autoroutes devraient être dégagées pour permettre aux convois spéciaux de maintenir le contact."

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