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Au Danemark, le débat autour de la question climatique fait rage

Au Danemark, les prochaines élections européennes permettront de tester la solidité et la crédibilité des politiques environnementales du gouvernement actuel, pourtant en berne dans les sondages.

Publié le 15 avril 2024
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Pour le gouvernement centriste danois, dont la popularité est en chute libre, les prochaines élections européennes constituent une étape cruciale de mi-mandat. Pour la première fois depuis les élections législatives de 2022, et après la mise en place d’un large éventail de réformes plus ou moins controversées, la coalition majoritaire entre le Parti social-démocrate, les Modérés (un nouveau parti centriste) et le Venstre (le parti libéral danois) va se soumettre à l'examen des électeurs. La crise climatique se trouvant sans conteste en tête des priorités pour les Danois, les efforts du gouvernement en matière d’écologie seront suivis de près, tandis que le débat sur l’introduction d’une taxe sur les émissions de carbone liées au secteur agricole fait rage.

En février 2024, une enquête menée par l'institut de sondage Epinion pour le diffuseur public Danmarks Radio et le média Altinget a montré que plus de la moitié des Danois interrogés ne connaissaient pas neuf des onze principaux candidats. En l'absence de profils politiques majeurs, les élections européennes qui se dérouleront dans quelques mois risquent de se transformer en une lutte pour le pouvoir, au caractère essentiellement symbolique, entre les nombreux partis danois.

Pour la première fois depuis près de 30 ans, le Danemark a obtenu un gouvernement majoritaire lors des élections législatives de 2022. Et ce n’est que la deuxième fois dans l'histoire que les sociaux-démocrates et le Venstre, les deux principaux partis centristes du pays, situés de part et d'autre du traditionnel clivage politique rouge/bleu, choisissent de former un gouvernement ensemble. La dernière fois, c’était en 1978. L’expérience, qui s’était révélée infructueuse, avait duré à peine plus d’un an.

À la surprise générale, et malgré les signes précurseurs de 1978, les sociaux-démocrates n’ont pas fait le choix, après les élections, de former un gouvernement minoritaire de gauche et sensible à la question climatique. Ils ont plutôt décidé d’unir leurs forces à celles de deux autres partis : le Venstre et les Modérés. Le parti des Modérés est lui-même un parti dissident du Venstre, dirigé par l'ancien Premier ministre Lars Løkke Rasmussen, et se présente sous la couleur violette, un mélange pragmatique de bleu et de rouge. En théorie, cette alliance a du sens : les sociaux-démocrates amorcent depuis quelques années un virage à droite. Cependant, chaque parti a dû faire d’importantes concessions pour obtenir une majorité, et le résultat a surpris plus d’un électeur. Depuis, le gouvernement peine à justifier son existence.

En 2023, le gouvernement centriste a connu sa première épreuve de force, après avoir annoncé la suppression du “grand jour de la prière” (le “store bededag”, traditionnellement tenu le quatrième vendredi après Pâques) pour financer la hausse du budget de l’armée. Cette décision, lourdement critiquée par l’opposition et les syndicats, a donné lieu à de nombreuses manifestations. Depuis, les résultats des sondages d'opinion sont décourageants pour le parti Social-démocratie, le Venstre et les Modérés, indiquant une chute considérable de leur popularité.


Depuis la pandémie de Covid-19, la Première ministre social-démocrate Mette Frederiksen est passée maître dans l’art de la rhétorique de crise

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