Revue de presse Lumière sur le Sud-Est

L’Europe du Sud-Est secouée par des montagnes russes économiques

Dans un contexte européen marqué par les difficultés économiques, les finances de la Bulgarie se redressent lentement tandis que la Grèce fait du sur place.

Publié le 4 mai 2024 à 16:17

Avec la guerre à leurs frontières et la rupture des relations avec la Russie, les pays de l'Europe du Sud-Est sont soumis à des turbulences économiques. Ils doivent en plus assurer la transition écologique et répondre aux revendications des travailleurs, de l’agriculteur au médecin. Certains Etats se débrouillent mieux que d’autres.

La Bulgarie, nouvelle puissance de l’énergie solaire

L'économie de la Bulgarie affiche des signaux positifs. L’énergie verte, notamment d’origine photovoltaïque, a atteint des records. Dans l’hebdomadaire bulgare Capital, Evgeny Ahmadzai analyse les données de l’opérateur public d'électricité, qui révèlent que les sources d'énergie renouvelable couvraient 80 % de la consommation d'énergie du pays le 10 avril à la mi-journée. Et une semaine avant cette nouvelle, Ahmadzai annonçait que la production énergétique d'origine renouvelable égalait celle provenant du charbon (22 %), une première pour ce secteur en Bulgarie.

Ce pays est non seulement un “exportateur important” d’électricité vers les pays voisins, mais il a également vu ses exportations globales augmenter de façon considérable. Toujours dans Capital, Vera Denizova indique que ces dernières ont doublé sur la période 2013-2023 et ont pratiquement été multipliées par sept au cours des vingt dernières années. À noter que 40 % des biens exportés par la Bulgarie sont des matières premières.


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Les agriculteurs revendiquent leur place au soleil

Pendant que la Bulgarie profite pleinement de son énergie solaire, la Grèce pousse trop loin l’implantation de centrales photovoltaïques. Sur la plateforme grecque d’investigation Solomon, Georgia Anagnou écrit que l’Etat grec ne respecte pas la loi l’obligeant à déclarer le pourcentage de terres agricoles à haute productivité abritant des installations solaires. Les agriculteurs grecs craignent que la limite n’ait déjà été atteinte et qu’ils ne doivent un jour “s’excuser auprès de leurs enfants”.

En parallèle, la production agricole de la Moldavie a chuté, sauf dans le secteur du raisin. En effet, selon l’hebdomadaire d’investigation Ziarul de Gardă, le raisin national est désormais le fruit le plus vendu à l’étranger grâce à une hausse perceptible de sa production au cours des dernières années.

Quand les sorties au restaurant ne sont plus qu’un rêve

Bien que la Bulgarie ait doublé ses exportations, son pouvoir d'achat est l’un des plus faibles de l’UE, étant même inférieur à celui de la Grèce. Or, dans le quotidien grec Efimerida ton Syntakton, Aphrodite Giantzis révèle que le pouvoir d'achat du pays hellénique est inférieur à 33 % de la moyenne de l'Union européenne, selon des données de l’Office statistique de l’Union européenne Eurostat. Si elle ne renverse pas cette tendance désormais à la baisse, la Grèce pourrait se voir bientôt dépassée par la Bulgarie. Giantzis observe que “tandis que la Bulgarie réduit de plus en plus la distance qui la sépare du reste de l’Union [en matière de pouvoir d’achat], passant de 46 % de la moyenne européenne il y a dix ans à 64 % aujourd’hui, la Grèce, au contraire, est en train de perdre du terrain”. Dans un autre article, la journaliste cite des données récentes de l'Institut de la Confédération européenne des syndicats, qui montrent que le salaire réel en Grèce a enregistré une baisse cumulative de près de 9,4 % en deux ans (2022-2023), soit plus du double de la moyenne européenne.

La Grèce peut toujours se consoler du fait qu’elle n’est pas le seul pays de l'Europe du Sud-Est à subir la chute de son pouvoir d’achat. Le quotidien Cumhuriyet rapporte que de nombreux citoyens turcs ont boycotté cafés et restaurants les 20 et 21 avril derniers, “les sorties au restaurant devenant un rêve inaccessible en raison de la hausse de l’inflation et des difficultés financières”.

Chypre est l’un des pays où l'économie a le plus prospéré dans la région. Dans le quotidien Cyprus Mail, le journaliste économique Kyriacos Nicolaou explique que l’agence de notation chypriote Capital Intelligence Ratings a relevé la notation financière attribuée à l’Etat insulaire de stable à positive parce que, selon elle, “le gouvernement continue de gérer le profil d'échéance de sa dette de façon à atténuer les risques de refinancement tout en maintenant une importante réserve de liquidités qui permet de faire face aux chocs à court terme et aux vulnérabilités externes”.


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