Bruxelles-Kiev-Moscou

Publié le 5 mars 2010 à 10:34

Leurs avions auraient pu se croiser au-dessus de l’Europe. Le 1er mars, le nouveau président ukrainien Viktor Ianoukovitch était à Bruxelles pour son premier déplacement à l’étranger. Le soir même, son homologue russe Dmitri Medvedev arrivait à Paris pour une visite de trois jours en grande pompe. Un chassé-croisé à l’image des contradictions de l’Europe.

Réputé pro-russe, Ianoukovitch a tenu à affirmer que "l’intégration à l’UE est la priorité-clé de la politique extérieure" de l’Ukraine. Son choix de venir à Bruxelles avant de se rendre à Moscou, ce qu’il a fait le 5 mars, est d’ailleurs considéré comme une victoire diplomatique des Vingt-Sept, qui tentent depuis la révolution orange de 2004 d’arrimer le pays à la sphère occidentale. Même s’ils ne sont pas d’accord sur l’opportunité de lui offrir l’adhésion, ils partagent la même volonté de soutenir la modernisation de l’Ukraine et l’autonomie du pays vis-à-vis des intérêts de Moscou. Cette position commune porte peu à peu ses fruits.

La Russie de Medvedev (et de son Premier ministre Vladimir Poutine), en revanche, est loin de faire l’unanimité. A Paris, il a été question de contrats gaziers, déjà conclus, et militaires, en projet. Deux sujets qui suscitent la colère de plusieurs autres Etats membres de l’UE. "La France contribue pleinement à l'affaiblissement de l'unité de l'Occident", écrivait ainsi l'hebdomadaire roumain Dilema Veche en début de semaine. Si elle vendait les quatre porte-hélicoptères Mistral que convoite la Russie, elle romprait effectivement une solidarité essentielle à la bonne marche de l’Europe. Mais ne percevoir la Russie que comme une puissance dont le seul objectif est la division entre Européens et avec laquelle aucun dialogue n’est possible n’est pas une politique.

Malgré l’histoire, Russie et Ukraine partagent une même caractéristique : elles sont voisines de l’UE et ne peuvent être ignorées. A Kiev comme à Moscou, l’Europe ne sera pas forte en s’opposant systématiquement, ni en cherchant des accords au gré des intérêts économiques nationaux. Elle sera forte si les Etats qui la composent se mettent d’accord sur les valeurs qu’ils veulent défendre et définissent clairement ce que sont les intérêts stratégiques de l’UE en tant que telle. Une réflexion qui dépasse de loin le seul cas russe.

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Eric Maurice

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