Elire la Commission

Publié le 16 décembre 2011 à 14:24

On a beaucoup lu ces derniers jours que l’une des raisons pour lesquelles la crise de la dette dans la zone euro a failli faire éclater la monnaie unique était le temps — long, beaucoup trop long — que les gouvernements, Berlin en tête, ont mis pour se décider à réagir. Et quand ils ont réagi, ils l’ont fait à leur manière : en se remettant à l’initiative du couple franco-allemand.

Ainsi installé, parfois malgré lui, aux commandes, “Merkozy” est parvenu tant bien que mal à éviter que le navire de l’euro ne s’échoue sur les récifs de la crise — pour le moment du moins.

Leur gestion de l’urgence ainsi que les développements à venir ont consacré le triomphe de la méthode intergouvernementale, la préférée d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, et du président du Conseil européen et grand tisseur de compromis entre ses membres, Herman Van Rompuy.

Une méthode qui a ses avantages — on est plus rapides, efficaces et légitimes lorsque l’on prend les décisions entre chefs d’Etat et de gouvernement — et ses inconvénients — l’absence de transparence et la marginalisation de fait des “petits” pays.

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Elle marginalise également les institutions communautaires (Commission et Parlement), finissant par affaiblir l’Union toute entière. Celle-ci finit en effet par apparaître aux yeux de l’opinion publique comme une partie du problème et non de sa solution.

José Manuel Barroso a beau revendiquer un rôle plus important pour la Commission, à commencer par le contrôle sur le respect du nouveau pacte pour l’euro, l’institution qu’il préside continue à apparaître aux yeux des commentateurs et d’une bonne partie de l’opinion publique comme un club de bureaucrates non élus qui prétendent dicter à des gouvernements souverains la conduite à suivre dans la gestion de leur budget, voire la façon dont ils doivent appliquer une austérité jugée inévitable.

C’est bien là la principale limite de celui qui est censé incarner le gouvernement européen : bien qu’ils aient obtenu la confiance du Parlement européen, les commissaires ne sont pas élus par les citoyens, mais bien désignés par les Etats membres.

Ce manque de lien direct remet en question pour de nombreux Européens la légitimité démocratique de leur action. Voilà pourquoi il serait souhaitable qu’ils soient élus, soit directement par les citoyens ou, ce qui paraît plus réaliste à court terme, par les membres du Parlement.

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