Eyjafjöll et nous

Publié le 23 avril 2010 à 09:43

"L’Europe est un vaste continent", constatait cette semaine le journaliste britannique Hamish McRae dans The Independent. Si nous avions oublié cette réalité géographique, c’est parce que l’avion a supplanté la voiture et le train. Depuis une quinzaine d’années, avec la libéralisation du transport aérien et la révolution low cost, il est devenu plus facile, plus rapide et surtout moins cher de voyager en Europe. Quoique l’on pense de leur pratiques économiques, Ryanair et EasyJet ont d’une certaine manière plus fait pour les échanges entre citoyens européens que les grands projets institutionnels et l’élargissement de l’Union. C’est ce mode de vie que vient remettre en cause le volcan Eyjafjöll.

En une semaine de blocage du trafic aérien, nous avons pris conscience de la dépendance de nos sociétés envers le trafic aérien. Nous avons également constaté que certaines régions, en particulier à l’est de l’Europe, ne sont pas suffisamment accessibles par la route ou par le rail. Nous avons enfin pris la mesure des gains écologiques - moins de bruit, moins d’émissions de CO2 - qu’entraîne la limitation du trafic aérien.

Le développement d’une Europe des citoyens est donc en partie fondée sur un moyen de transport polluant, inégalitaire dans la mesure où certains ont peu d’alternative, et fragile puisqu’un nuage peut arrêter de nombreuses activités. Pour être à la hauteur de ses aspirations sociales, écologiques et poltiques, l’Europe devrait donc saisir l’opportunité de penser un autre modèle.

Elle pourrait par exemple développer plus vite qu’elle ne le fait le train à grande vitesse sur tout le continent, coordonner l’activité des grands aéroports nationaux pour rationnaliser et réduire le trafic aérien au-dessus de nos têtes, diversifier le transport de marchandise, sur rail ou sur l’eau, là encore de manière coordonnées. Les pistes sont nombreuses pour pousser les Européens à travailler ensemble, dans le sens d’une économie plus verte et plus solide.

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Eric Maurice

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