Le leader du Parti pour la liberté lorgne vers le poste de Premier ministre. Photo: AFP

Geert Wilders, à présent incontournable

Les élections municipales du 3 mars ont été marquées par une percée du Parti pour la liberté. Ce scrutin constituait un test en vue des législatives du 9 juin, au cours desquelles le leader islamophobe et populiste compte mettre à profit son succès. Reste à voir comment le système néerlandais, basé sur le consensus, va absorber le choc.

Publié le 4 mars 2010 à 14:32
Le leader du Parti pour la liberté lorgne vers le poste de Premier ministre. Photo: AFP

Pour Almere et La Haye, le résultat des élections municipales du 3 mars constitue un bouleversement politique. Dans les deux villes où il s'est présenté, le PVV (Parti pour la liberté) du populiste Geert Wilders, qui participait pour la première fois à ce type de scrutin, s’est affirmé du jour au lendemain comme un nouvel acteur incontournable : à Almere, il est le premier parti, à La Haye, le deuxième. Bien sûr, ce résultat était en partie attendu, mais il change à présent la donne dans la politique néerlandaise.

Jusqu’à présent, le PVV s'est présenté comme un parti qui multiplie les déclarations tonitruantes, mais qui s’intéresse peu à la responsabilité administrative. Pour beaucoup de ses propositions, comme interdire ou taxer le port du voile, on sait à l'avance qu’elles sont irréalisables aux Pays-Bas. Mais à présent qu'il est susceptible de participer au gouvernement de ces deux villes, la grande question est de savoir si le PVV va rester à l'écart ou s'il va assumer des responsabilités au sein du système politique actuel. Dans ce cas, il va devoir se heurter à des questions aussi rébarbatives que la mise en œuvre des politiques annoncées et va devoir faire des choix pragmatiques. Au fur et à mesure qu'un parti prend de l'importance, il voit en effet immanquablement sa crédibilité mise à l'épreuve.

On dit souvent que le PVV crée une réalité qui n’existe pas, mais pour ses électeurs, il dénonce en tout cas une réalité dont ceux-ci ne veulent manifestement pas. Almere ne compte pas beaucoup d’habitants musulmans, ce qui n’a pas empêché les électeurs PVV de voter pour un parti islamophobe. Apparemment, ils s'imaginent un avenir sombre ou ressemblant à ce qu'ils ont connu avant d'emménager dans cette ville nouvelle.

On a souvent reproché à Wilders d’avoir fait le choix stratégique de ne présenter son parti aux municipales que dans deux villes. Un choix qui n'est pas courageux, mais que ses partisans acceptent. La plupart des autres partis ne se présentent d'ailleurs pas dans toutes les villes. Pour Rotterdam, Wilders a suggéré à ses partisans de voter pour le parti populiste Leefbaar Rotterdam, qui a enregistré une progression et qui a prouvé par le passé qu'il ne reculait pas devant la responsabilité du gouvernement.

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Après le succès remporté aux élections pour le Parlement européen en juin dernier et aux élections locales du 3 mars, la question qui dominera les élections nationales du 9 juin est à présent la suivante : quelle va vraiment devenir l’importance du PVV ? Aux élections municipales, le comportement des électeurs diffère souvent par rapport aux élections législatives. La participation a en effet été faible (56%) et la voix de cette protestation dans les urnes ne se fera peut-être entendre pleinement que le 9 juin. Plus que la question de la taille du PVV, c'est celle de l'élasticité du système politique néerlandais qui se pose : avec sa tradition des gouvernements de coalitions, comment ce pays peut-il faire face à un PVV qui représenterait le troisième, voire le premier parti ? La seule réponse possible, c'est qu'il faudra faire avec, car nous ne disposons pas d'un meilleur système.

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