Selon un document interne de l’UE sur “la mise en place au ‘niveau opérationnel’ des gardes-frontière et des gardes-côtes”, qui jette les bases de la mission européenne de surveillance des frontières libyennes Eubam Libye, cette dernière entraînera de fait la création d'unités “paramilitaires”, estime EUobserver.
Le document, qu’a pu consulter le site d’actualité, détaille qu’Eubam recrutera ses membres au sein des 9 000 gardes-frontière et des 6 500 gardes-côtes, actuellement placés “sous le commandement direct du chef d’Etat-major de l’armée libyenne”, qu’elle les retirera de leur service et qu’elle les entraînera dans des localités protégées, avant de les redéployer sur le terrain.
EUobserver cite un porte-parole du Service européen d’action extérieure, qui affirme que l’UE ne fait là “rien d’extraordinaire” :
La mission consiste à soutenir les agences qui s’occupent des frontières et à fournir conseil et assistance sur les questions afférentes, pas sur les tâches militaires.
Eubam va se joindre à une série de programmes gérés conjointement par l’UE, les Etats-Unis, la Turquie et les Emirats arabes unis (EAU) afin de renforcer la stabilité en Libye. Selon EUobserver, cet objectif n’est pas le seul : le pays “ne produit que 700 000 barils de pétrole par jour, mais pourrait vite atteindre les niveaux précédent la guerre — 1,4 million — si les choses se stabilisent”. Par ailleurs, Tripoli peut “dépenser beaucoup d’argent pour l’équipement” — ce qui devrait intéresser l’ex-puissance coloniale italienne, qui “fournissait des armes pour 100 millions d’euros par an à la Libye avant que n’éclate la guerre”. Il y a ensuite la questions du contrôle des flux migratoires vers l’UE.
Selon le document consulté par EUobserver, l’UE souhaite rétablir son image en Libye, où la population est “encore très reconnaissante” pour l’aide fournie par l’Europe pour renverser l’ancien dictateur, Mouammar Kadhafi, mais où seuls 50 % des gens savent “ce qu’est l’UE”. Au-delà de l’image, la transition pacifique est l’objectif principal de l’UE, comme le résume au site un haut diplomate maltais :
l’UE ne peut pas permettre que la Libye devienne un Etat en déliquescence.