Le T-dem (traité de démocratisation), dont le manifeste peut être lu ici, est un projet pour un nouveau modèle social plus juste, plus équitable et plus durable : T-dem est basé sur l'idée d'un budget européen commun pour réduire les inégalités entre les pays, qui peut être voté par une assemblée démocratiquement élue par les Européens.
Voxeurop : La réforme de la gouvernance que vous évoquez souvent est contenue dans le fameux T-dem, dont vous êtes l’un des animateurs avec Antoine Vauchez, Anne-Laure Delatte et Guillaume Sacriste notamment. A-t-il un écho au sein du monde politique européen à votre connaissance ?
Thomas Piketty : Je voudrais insister sur le fait que sur [les questions de réforme de la gouvernance de l’UE] ces questions, personne n’a de proposition miracle. On travaille avec des collègues et des citoyens, non seulement en France mais dans beaucoup de pays européens – on a recueilli plus de 100 000 signatures de responsables politiques, de députés européens et nationaux issus de beaucoup de groupes politiques différents, allant du centre-droit et centre-gauche, jusqu’à la gauche plus à gauche. Il est vrai que l’on n’a pas beaucoup de signataires de droite très à droite, mais on a des signataires dans des groupes très différents.
Reprenons le problème depuis le début : la question est de savoir comment faire pour sortir de la règle de l’unanimité. Actuellement, si on veut adopter un impôt ou un budget en Europe, il faut que chaque pays au sein du conseil des chefs d’Etat approuve l’entièreté du plan proposé au sein du conseil ecofin, des ministres de l’économie et des finances. Supposons que l’on soit d’accord pour dire que l’on veut passer à la règle de la majorité. Comment fonctionnerait-elle ? La solution la moins complexe serait de dire que l’on va continuer à prendre les décisions dans le cadre institutionnel actuel, avec le conseil des chefs d’Etat ou le conseil des ministres d’un côté, et le parlement européen a…