Un soldat allemand de la FIAS en patrouille près de Kunduz, en octobre 2009 (AFP)

Une mission de plus en plus vague

Les Etats-Unis demandent plus de soldats contre les talibans. Mais comme en témoigne le débat qui se tient au Parlement allemand, les alliés ont abandonné le mythe d’une bonne guerre sans présenter d’alternative crédible à leur opinion publique.

Publié le 3 décembre 2009 à 13:19
Un soldat allemand de la FIAS en patrouille près de Kunduz, en octobre 2009 (AFP)

Les partisans d'un déploiement allemand en Afghanistan ont été touchés en plein cœur. Ils avaient vendu la guerre en invoquant de grands principes moraux. Dans le même temps, ils promettaient une intervention sans risque. Les deux piliers de cet édifice viennent de s'effondrer avec le discours d'Obama [le 1er décembre]. Le gouvernement fédéral devrait désormais reconnaître que la nouvelle stratégie des Etats-Unis et de leurs alliés en Afghanistan repose sur une vision plus prosaïque de la guerre. Or, sans pathos, sans mythe d'une guerre juste, faite par de bons guerriers, l'Allemagne ne participerait pas à ce conflit. Sans cela, la coalition rouge-verte emmenée par [Gerhard] Schröder et [Joschka] Fischer n'aurait pas soutenu l'envoi des premières troupes il y a huit ans. Et maintenant, ses successeurs craignent manifestement de perdre les derniers vestiges de soutien en faveur d'un déploiement dans l'Hindu Kush.

Barack Obama ne s'est pas contenté d'annoncer un renforcement rapide des unités américaines et leur retrait en juillet 2011. Il a également redéfini la guerre et ses objectifs : il ne s'agit plus uniquement de démocratie, de droits de l'homme ou du rêve d'un affrontement militaire au nom d'un monde meilleur, rêve que le gouvernement Bush n'avait pas été le seul à caresser. Au lieu d'une vision, c'est une stratégie qu'Obama a présentée. On n'est pas obligé de l'approuver. Du reste, le président américain lui-même ne semble pas particulièrement convaincu de sa mise en œuvre. Il a au moins présenté son plan à l'opinion publique. Et, ce qui est encore plus important, il en a clairement dépeint les conséquences.

Ses alliés allemands en sont bien loin. Si, aujourd'hui, le Bundestag autorise une fois de plus une extension du mandat de la Bundeswehr en Afghanistan, on fera comme si les changements stratégiques d'Obama n'avaient pas existé. On prendra des décisions comme si la Bundeswehr se trouvait encore au début d'un déploiement jusqu'à présent réussi. Au bout de huit ans sur place, le Bundestag confiera à l'armée allemande un mandat dont on peut dire qu'il est, à tout le moins, dépassé.

Le gouvernement fédéral tient à s'entretenir à ce sujet avec les alliés. Pas avec le Parlement. Et surtout pas avec le souverain démocratique, autrement dit, le peuple. La toute nouvelle transparence dans le domaine de la politique militaire allemande, annoncée il y a une semaine [par la création d'une commission d'enquête sur la manière dont le ministère de la Défense a caché des informations après un bombardement ayant causé la mort de nombreux civils], appartient déjà au passé.

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30 000 soldats sur le terrain

Latent depuis 2001, le débat sur la légitimité et les buts de la présence occidentale en Afghanistan est relancé dans plusieurs pays européens avec l’appel du président Obama à y envoyer davantage de troupes. Actuellement, près de 30 000 soldats issus de 25 pays de l’UE sont déployés sur le terrain, sur les 71 000 que compte la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF). Mis sous pression par le secrétaire général de l’OTAN, Fogh Anders Rasmussen, les alliés européens de Washington vont devoir se prononcer sur l’avenir de leur engagement. Le 2 décembre, la Pologne a indiqué qu’elle était prête à envoyer 600 hommes supplémentaires. Le lendemain, l’Italie a annoncé un renfort de 500 à 1 500 soldats. Mais les Pays-Bas, où le gouvernement de coalition est divisé sur la question, maintiennent leur projet de se retirer d’Afghanistan le 1er décembre 2010, et la France souhaite attendre la tenue de la conférence internationale fin janvier pour décider ou pas de l’envoi d’instructeurs pour l’armée afghane. Quant au Royaume-Uni, qui fournit le plus fort contingent après les Etats-Unis, il avait déjà annoncé le déploiement prochain de 500 hommes supplémentaires.

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