Décryptage Guerre en Ukraine

Un an de guerre, et l’Occident comprend enfin l’importance de l’Ukraine

Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Contre toute attente – sauf celle des Ukrainiens – le pays a résisté. C’est ce qu’il aura fallu à l’Occident pour réaliser l’ampleur de la menace posée par le régime russe et l’intérêt certain à soutenir Kiev, explique le politologue ukrainien Anton Shekhovtsov.

Publié le 22 février 2023 à 08:00

En février 2022, et seulement deux semaines avant la plus impressionnante escalade dans la guerre opposant Ukraine et Russie, des collègues du think tank slovaque GLOBSEC demandait à quelques autres experts en la matière (dont je faisais partie) de rédiger un court commentaire des principaux scénarios envisageables concernant une possible agression russe. Nos lecteurs se rappelleront qu’à l’époque, les autorités américaines et britanniques, qui tiraient leurs informations de leurs services de renseignement respectifs, alertaient leurs alliés des préparatifs d’une attaque, tout en s’efforçant de dissuader les responsables russes de mettre leurs plans à exécution. 

Alors que la Russie rassemblait ses troupes par dizaines de milliers aux frontières de l’Ukraine, j'espérais, comme beaucoup d’autres Européens, que les menaces de Moscou n’étaient pas sérieuses, et que même si nous ne pouvions exclure une invasion de l’Ukraine par la Russie dans le futur, une telle escalade n’était pour le moment pas envisageable.

Ces espoirs et croyances étaient alors étayés par une sorte de rationalisme selon lequel la peur de sanctions lourdes paralysant son économie pousserait le gouvernement russe à réfléchir à deux fois avant de s’aventurer davantage sur le territoire ukrainien, après plusieurs années d’une guerre d’usure dans les parties occupées de l’est du pays. De plus, on s’imaginait alors que Moscou incapable d’essuyer le prix élevé des lourdes pertes humaines que lui coûterait une telle surenchère. 

Les “préoccupations morales” du Kremlin

Seulement, ce rationalisme était en conflit avec un autre rationalisme tout aussi légitime, qui renonçait aux bons sentiments prêtant foi à la sobriété économique et aux préoccupations morales présumées de Moscou. Pour ce courant de pensée, tout ce que l’on savait du régime de Poutine indiquait le caractère inévitable d’une escalade militaire russe en Ukraine.


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