Lors de la nouvelle législature du Parlemenrt européen qui commencera le 14 juillet prochain, les majorités classiques comme celles formées par le PPE (Parti populaire européen) et le PSE (Parti socialiste européen) pourraient être bouleversées, de même que les compromis transversaux sur les directives économiques et les répartitions des sièges des commissaires. Il ne faudrait pas sous-évaluer ce qui en sortira, parce que le Parlement européen s'est révélé par le passé être un véritable laboratoire politique. L’alliance entre populaires et socialistes à Strasbourg a notamment favorisé la grande coalition allemande entre la CDU (Union chrétienne-démocrate) et le SPD (Parti social-démocrate).
Le PPE a exulté après sa victoire qui a entériné la montée en puissance du centre droit en Europe, et ce, malgré la relative déception du parti de Silvio Berlusconi en Italie. La baisse concomitante du PSE et de l’extrême gauche a liquidé la majorité laïque qui se formait avec l’ALDE (libéraux), les Verts et la GUE (Gauche unitaire européenne) lorsqu'il fallait mettre en minorité les démocrates chrétiens du PPE lors des votes sur des questions éthiques telles que les unions homosexuelles ou l’utilisation des cellules souche. Mais il manque au PPE plus de 100 voix pour atteindre la majorité de 369 (sur un total de 736 élus).
La fin d'une présidence tournante du Parlement européen sur laquelle le PPE et le PSE s’étaient entendus pourrait être un premier contrecoup pour les conservateurs. Le socialiste Martin Schulz et les conservateurs Jerzy Buzek (polonais) et Mario Mauro (italien) s'étaient mis d'accord pour se relayer. Mais le leader de l’ALDE, le britannique Graham Watson, est entré dans la course à la présidence, en affirmant que "les résultats de l’élection devraient aussi obliger le PPE à faire preuve d’imagination".
Watson a émis l’hypothèse d'une nouvelle majorité PPE-ALDE avec les nationalistes de l'UEN (Union pour l'Europe des nations, souverainiste) ou avec les Verts et réclame un président libéral pour le Parlement européen en échange de la reconduction de José Manuel Barroso à son poste, à la tête de la Commission. Mais le parti de Daniel Cohn-Bendit, sorti victorieux des urnes, rejette en bloc le renouvellement du mandat de Barroso, également lourdement critiqué par les socialistes. Les conservateurs britanniques, qui, sous la houlette de leur leader David Cameron, constituent eux aussi un bloc fort, sont en quête de nouvelles alliances qui leur permettraient de récupérer l’électorat eurosceptique britannique conquis par l'UKIP (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) et le BNP (British national party), le nouveau venu d’extrême droite. Car les non-inscritset les députés qui resteront hors d’un groupe ne compteront pour rien ou pour pas grand chose dans le Parlement.