Idées Après la crise du covid-19

La crise du coronavirus et la mondialisation nécessaire

L'épidémie de coronavirus a montré de manière inédite à quel point notre monde est interconnecté sur les plans économique, technologique, politique et environnemental. Nous devons réinventer le fonctionnement de la mondialisation et placer la citoyenneté active au cœur de celle-ci.

Publié le 6 août 2020 à 18:00

Les crises mondiales, particulièrement celles de l'amplitude de la crise actuelle, réclament une réponse et une collaboration mondiales. On nous a dit qu’il y avait des “gagnants” et des “perdants” de la mondialisation. Les ouvriers, les communautés rurales ou encore les anciennes générations en seraient les perdants, et les hipsters adeptes du café bio ou les technophiles urbains en seraient les gagnants. Malheureusement, cette classification binaire et le discours qui accompagne ces deux communautés sont surtout des fables qui détournent notre attention.

En réalité, nous sommes tous perdants si nous ne réagissons pas aux menaces existentielles qui pèsent sur nous, comme le montrent douloureusement la pandémie actuelle qui sévit, ainsi que la crise climatique qui plane au-dessus de nos têtes. Cette crise nous prouve que nous sommes tous dans le même bateau, sur une même planète, partageant un même destin que nous pouvons déterminer. Lorsque cette crise sera passée, nous aurons également besoin de reconstruire, et nous devrons bâtir une nouvelle version de la mondialisation qui puisera dans notre interdépendance. 

La question principale est la suivante : comment s’écarter de la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd’hui, se détourner de l’isolationnisme et entrer dans une mondialisation gagnant-gagnant ? 

Par où commencer ? Déjà, pendant la crise du coronavirus, nous avons vu des populations et des communautés s’unir, à distance, certes, mais dans le monde entier et sur internet. Des chants et applaudissements sur les balcons aux cours de cuisine en ligne, en passant par les mèmes viraux, les gens se sont unis dans la solidarité et l’empathie en ces temps difficiles. Sur le long terme, ces liens sont puissants. 

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La mondialisation dont nous avons besoin est motivée par un engagement civique croissant à tous les niveaux de la société

Bien que tous les êtres humains naissent égaux et dotés d’un énorme potentiel inexploité, la prise de conscience de son existence et les possibilités de l’utiliser sont extrêmement inégales. Faire face aux inégalités nous permettra de relever les défis mondiaux en donnant les moyens à plus de personnes de résoudre plus de problèmes. En particulier pour résoudre le désastre économique provoqué par la crise, nous avons besoin d’un modèle qui réponde à nos défis mondiaux et qui relève les populations les plus vulnérables, pour qu’aucune société ne soit emportée dans une spirale infernale. 

Nous devrions être conscients que la pauvreté matérielle est souvent déterminée par la pauvreté du pouvoir, en ce sens que le individus sont privés des moyens d'influencer la direction de la société et même leurs propres vies. Il y a beaucoup d’anciens concepts qu’il faut déconstruire et de nombreuses idées nouvelles à développer. La mondialisation dont nous avons besoin est motivée par un engagement civique croissant à tous les niveaux de la société, pour aboutir à un système politique fondé sur le partage du pouvoir et de l’exécutif, ainsi que sur la démocratie participative. Il s’agit de s’attaquer au cœur du problème pour se diriger vers une communauté mondiale plus inclusive. 

Au lieu d’utiliser le pouvoir pour créer des dépendances, il devrait être partagé et employé pour créer des co-dépendances et rendre les populations plus autonomes, là où ceux qui ont le moins de pouvoir dépendent de ceux qui en ont le plus. Au lieu de nous persuader d’adhérer à leur vision des choses, les vrais dirigeants devraient permettre à nos populations de faire face à nos défis. Ainsi, nous puiserons dans le talent de chaque individu de notre communauté et utiliserons tout ce potentiel collectif. 

Comment s’y prendre ? Commencez par vous-mêmes. Êtes-vous actif dans votre communauté locale ? Tenez-vous vos dirigeants pour responsables de leur (in)action ? Tenez-vous les autres pour responsables ? Trouvez et rejoignez une organisation dans votre quartier qui lutte pour une mondialisation gagnant-gagnant. Comment en identifier une ? Examinez ses valeurs et ses actions. Unit-elle les individus de manière inclusive ? Responsabilise-t-elle ses membres, ou leur rend-elle simplement des services, accentuant ainsi leur dépendance ? Entraînez un ami dans votre démarche ! Vous n’avez pas le temps à cause de votre travail ? Transformez votre entreprise et étudiez comment vous pourriez la responsabiliser et la rendre plus autonome. Vous êtes déjà membre d’une organisation ? Participez à sa transformation et à son développement pour qu’elle représente le changement dont nous avons besoin aujourd’hui.

Si vous avez un poste à responsabilités, réfléchissez à la manière dont vous pourriez rendre plus autonomes les personnes qui travaillent avec vous. Est-ce que vos actions créent de nouvelles ressources et aident les individus à avancer, ou créent-elles simplement une dépendance supplémentaire à votre égard ? Devenez un champion de la nouvelle approche. En d’autres termes, la mondialisation gagnant-gagnant commence avec vous et votre communauté locale. 

Où que vous soyez et quel que soit le poste que vous occupez, vous pouvez mettre en pratique vos compétences de chef(fe) de file en valorisant ceux qui vous entourent. Ce n’est pas une question de poste, mais des actions que vous accomplissez et la manière dont vous le faites. Motivez, mobilisez et organisez les personnes qui n’étaient pas actives auparavant et donnez-leur une occasion d’apprendre et de diriger. Formez de nouveaux leadeurs, puis apprenez-leur à en former d’autres, plus autonomes. C’est une réaction en chaîne bénéfique au partage des pouvoirs. 

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Afin de créer la mondialisation gagnant-gagnant et relever nos défis, nous devons épouser ce nouvel état d’esprit, surtout pour ceux qui ont l’intention de diriger. La bonne nouvelle, c’est que nous avons déjà les concepts et les outils dont nous avons besoin, tels que l’organisation des communautés et l’engagement des citoyens, l’innovation sociale ou encore une direction capable de s’adapter. Ces concepts se concentrent sur l’autonomisation des dirigeants et sur la répartition des pouvoirs. Ainsi, nous développons et utilisons les talents de la communauté entière, et non juste ceux d’une minorité de privilégiés. 

Barack Obama a dit : “Le changement ne viendra pas si nous attendons la bonne personne ou le bon moment. Nous sommes ceux que nous attendions. Nous sommes le changement que nous demandons.” Dans les prochains articles, nous allons explorer certains concepts qui nous aideront tous à être les gagnants. 

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