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Neuf mois après la création de son usine d'assemblage, Dragon Aviation, société de leasing sino-européenne, a levé le rideau mardi 23 juin sur un gros bébé très attendu : un Airbus A320. C'est le premier avion du constructeur aéronautique européen assemblé hors d'Europe, cinq ans après que Pékin a signé une commande record de 150 de ces appareils.
S'il s'agit là d'un vrai succès pour l'usine d'assemblage basée à Tianjin (à 115 kilomètres à l'est de Pékin) et plus largement pour l'aéronautique chinoise, les Européens n'ont pas réussi à tirer profit de l'événement. "L'inauguration du premier Airbus Made in China a surtout donné lieu à un concert d'ego nationaux, où les Européens ont donné l'impression d'utiliser l'occasion pour régler leurs comptes", selon Libération.
L'Allemagne s'est dit fière "que le modèle allemand soit reproduit en en Chine". La France a crié haut et fort que c'était elle qui avait porté le projet "depuis le début du processus", tandis que le Royaume-Uni, pour ne pas être totalement éclipsé par Paris et Berlin, s'est empressé de rappeler que "200 appareils en Chine volent déjà avec des moteurs Rolls-Royce". Ces joutes témoignent de l'importance du marché chinois pour ces Etats. D'ici 20 ans, la Chine a prévu de construire 3 000 nouveaux appareils. "Un chiffre qui a de quoi susciter les convoitises. Et par là même attiser les tensions au sein du groupe aéronautique européen", écrit Libé.
PROSPECTIVE
Quand la Chine s'éveillera
L'économie chinoise devrait dépasser celle des Etats-Unis d'ici 2027 et pèsera deux fois plus d'ici 2050. Aussi, ce serait une grave erreur, assure le politologue Martin Jacques dans le Times, de croire qu'un tel bouleversement économique ne s'accompagnera d'aucune grande perturbation politique ou culturelle. La Chine de demain ne sera soumise ni aux systèmes ni aux valeurs ou croyances occidentales mais "profondément marquée par la richesse de sa longue histoire et de sa propre culture". Alors qu'aux yeux des Européens, l'Etat-nation constitue l'unité de référence, les Chinois se considèrent essentiellement comme une civilisation, ce qui implique l'existence d'une "pluralité de systèmes" comme le montre l'exemple de Hong Kong, défini par la formule "un pays, deux systèmes". A mesure qu'elle s'imposera comme première puissance mondiale, la Chine conquérante pourrait "rapidement reconfigurer l'équilibre du continent asiatique" et mettre en question "la domination du concept d'Etat-nation souverain et indépendant, tel que l'ont imaginé les Européens". Cela devrait profondément affecter"notre mode de vie et notre façon de penser". A l'heure où le système financier international renaît à Shanghai, centre financier chinois aujourd'hui, le mandarin "devrait succéder à l'anglais comme nouvelle lingua franca ", prophétise Martin Jacques. Nos enfants et petits-enfants "grandiront dans un monde de moins en moins familier où les vieilles mentalités occidentales n'apparaîtront plus comme une évidence". Pour la première fois depuis plus de 200 ans, les Occidentaux vont devoir apprendre et s'adapter à une autre culture.
