Pourquoi, face à la marée noire provoquée par Deepwater Horizon, une des plus grandes catastrophes environnementales de l’histoire des Etats-Unis, n’assiste-t-on pas à un assaut contre la Bastille écologique des grandes compagnies pétrolières ? Pourquoi ne réagit-on pas aux problèmes les plus urgents de notre temps — la crise écologique et le changement climatique — avec la même énergie, le même idéalisme et le même esprit démocratique qu’aux tragédies passées de la misère, de la tyrannie et de la guerre ? La situation de l’industrie pétrolière rappelle l’Ancien Régime peu de temps avant sa chute.
La catastrophe dans le Golfe du Mexique comporte plusieurs vérités. Il y a le laisser-aller et l’indifférence de BP. Mais aussi l’échec de la tutelle étatique. Il est trop facile de ne s’en prendre aujourd’hui qu’à BP. Deepwater Horizon est le symbole de la défaite insidieuse d’une expérience mondiale, d’un modèle de croissance qui repose sur l’exploitation des ressources fossiles. Personne ne peut dire qu’il ne savait pas. Depuis 200 ans, le feu et la vapeur font tourner machines et moteurs. Entre-temps, du reste, toute une génération a grandi en sachant qu’une industrie qui repose sur les carburants fossiles consume ses propres fondations.
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