On n’est pas parvenu à un accord lors de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique. C’est dommage, mais il est tout aussi regrettable qu’aucun accord n’ait été trouvé pour parvenir à un transfert de technologie : la libéralisation des brevets dans le domaine des techniques climatiques au profit des pays pauvres. Ces brevets appartiennent principalement aux Etats-Unis, au Japon et à l’Allemagne. Il vaudrait mieux que les bonnes techniques en matière d’énergie solaire, d’énergie éolienne, de stockage du CO2 et de biocarburants (de deuxième génération) puissent échapper au brevetage et rester libres d'accès, car elles profitent en fin de compte au monde entier. Par ailleurs, les pays en développement subissent les inconvénients du changement climatique sans bénéficier des avantages d’une économie développée.
Mais les pays industrialisés refusent de transférer leur technologie. Cela a conduit, avant même la conférence de Copenhague, au plan d'action de Bali (2007) qui a donné naissance à un groupe de travail. Ce dernier a fait des propositions pour contraindre les pays à transférer leur technologie. Mais l’UE et les Etats-Unis montrent peu d’empressement à aider l’Inde et la Chine à décoller. Le montant de 100 milliards de dollars qui sera attribué aux pays les plus pauvres à partir de 2020 pour lutter contre les conséquences du changement climatique doit donc être examiné avec prudence. S’il n’est pas assorti d’un transfert de technologie, ces propositions reviennent à une forme déguisée de soutien à nos propres industries. Les pays en développement recevront de l’argent pour acheter la technologie dans les pays industrialisés. Une objection au transfert de technologie serait qu’il n’y aurait rien à gagner à mener des recherches coûteuses. Mais le système actuel aboutit-il vraiment à faire de la recherche de la manière la plus efficace possible ? On observe que les entreprises ont parfois intérêt à laisser leurs connaissances les plus récentes inexploitées quand une invention antérieure (de qualité inférieure) n’a pas encore été rentabilisée.
Un fonds climatique, qui ne donne pas d’argent aux pays en développement pour acheter des turbines éoliennes et des cellules solaires mais qui verse aux entreprises du monde entier un bonus indexé sur les bienfaits de leur technologie sur la lutte contre le changement climatique, est une solution qui mérite réflexion. La valeur de ce bonus serait proportionnelle à l’impact positif de la technologie sur le climat. Cette solution a le mérite d'intégrer des incitations à aborder le problème climatique à l’échelle planétaire, tout en permettant de continuer à faire des bénéfices avec la recherche. Les nations souveraines ont tendance à penser d’abord à elles-mêmes et les entreprises souhaitent avant tout faire des bénéfices. Ce sont des considérations importantes. Mais face à cela, il y a un intérêt majeur : la lutte contre le changement climatique.